La police, la juge et même les habitants d'Abaetetuba n'ont rien fait pour empêcher qu'une adolescente de 15 ans passe un mois avec plus de 20 hommes dans une cellule du commissariat de cette ville de l'Etat amazonien du Para, au nord du Brésil, a rapporté, hier, dimanche, la presse. «Tout le monde savait que l'adolescente était là, au milieu de ces hommes, et personne n'a rien fait.» «Tous les détenus la violaient en échange d'un plat de nourriture.» Les habitants affirment n'avoir rien dit par crainte de «mourir». «Ici, tout le monde a peur. Si on enferme une adolescente dans une cellule avec des hommes et que la juge l'y maintient, qui suis-je pour dénoncer cela ? Et en plus, à qui faire la dénonciation ?», a ajouté une habitante. «Aucune mesure n'a été prise pour la libérer. Ni par la juge ni par le parquet», a déploré au journal Estado de Sao Paulo la responsable de l'Association des commissariats de police du Para. L'adolescente a été libérée, il y a quelques jours après un coup de téléphone anonyme aux autorités du Para. Sa famille, très pauvre, ne savait pas qu'elle avait été incarcérée pour un vol présumé. Les détenus lui ont coupé les cheveux au couteau pour que la présence d'une adolescente dans la cellule soit moins remarquée. «Ils me punissaient quand je ne voulais pas faire ce qu'ils demandaient», a raconté la jeune fille aux journalistes, qui ont constaté des hématomes sur son corps et des brûlures de cigarette sur la plante de ses pieds.