Tache d?huile n Les émeutes, qui secouent les banlieues depuis plus de 15 jours et se sont étendues pour la première fois au c?ur d'une grande ville, traduisent un regain de violence en province. A Lyon, les forces de l'ordre ont utilisé des grenades lacrymogènes pour disperser des groupes de jeunes qui leur jetaient des projectiles et des poubelles dans le centre de la troisième ville de France. C'est la première fois que de tels incidents se produisent dans le centre d'une grande ville depuis le début des émeutes les plus graves en France depuis les affrontements entre notamment policiers et étudiants en mai 1968. Le préfet du département du Rhône avait, auparavant, pris, dans la matinée, un arrêté interdisant la circulation des mineurs de 22h à 6h jusqu'à lundi matin (demain), à Lyon et dans 10 autres villes du département parmi les plus touchées par les violences en légère hausse en province durant le week-end. Les policiers affichaient, pour leur part, leur «ras-le-bol», après le placement en détention provisoire, hier soir, d'un policier, impliqué dans l'agression d'un jeune homme dans la banlieue nord de Paris. Une colère d'autant plus vive qu'à Saint Quentin (nord), un policier a été brûlé au deuxième degré au visage vendredi soir et deux autres blessés. Plusieurs manifestations ont eu lieu samedi : certaines pour dénoncer les violences à l'instar de celle de Stains, en banlieue nord parisienne, qui a rendu hommage à un homme mort après avoir été frappé par un jeune, d'autres à Toulouse et Paris pour fustiger les discriminations ou les mesures d'exception. Dans la nuit, la ville de Carpentras (sud) a été le théâtre de nombreux incidents, a relevé la police, avec une maternelle incendiée, une voiture brûlée devant un foyer du 3e étage, inoccupé au moment des faits, et une attaque à la voiture-bélier contre une école. La veille, dans la même ville, la mosquée avait été la cible de jets d'engins incendiaires qui n'avaient fait que de légers dégâts. Le bilan provisoire, qui risque de s?alourdir les prochaines heures, indique un total de 315 véhicules incendiés et 161 personnes interpellées dans la nuit de samedi à dimanche, selon un bilan provisoire ¬arrêté à 4h (3h GMT) par la police, mais les chaînes étrangères évoquent plus de mille voitures brûlées.