Santé n Le ministère de la Santé prévoit la création de trois centres de Procréation médicalement assistée (PMA) à l'horizon 2009. Depuis le premier essai réalisé en Algérie dans les années 1990, la PMA s'est développée essentiellement à travers les sept structures privées réparties à travers le territoire national. «Dans le souci de répondre à une demande toujours croissante des couples pour cette pratique, cinq autres cliniques spécialisées dans la procréation verront le jour très prochainement dont une dans les wilayas du Sud», a déclaré hier, lors du symposium international de l'AMP, Mme Rachida Benkhelil, secrétaire générale au ministère de la Santé, qui s'est fixé pour objectif à l'horizon 2009 de créer trois centres de PMA au niveau du CHU d'Alger, d'Oran et de l'EHS Sidi-Mabrouk à Constantine. Mais actuellement, le souci réel est-il de créer de nouvelles cliniques privées ? Selon le Dr Chérif Nadir, président de l'association nationale des centres de PMA, c'est le manque d'intérêt accordé par le ministère de tutelle à la pratique qui doit être rapidement pris en considération. «Les prix des traitements sont excessivement chers. Ils peuvent varier du simple au double. La même molécule est vendue à 3 700 DA dans un laboratoire et 7 000 dans un autre», atteste-t-il en marge du symposium. Ce qui fait qu'un cycle de traitement revient à 40 000 DA dans certains centres et à 90 000 DA dans un autre. «Certaines cliniques appliquent même des tarifs allant jusqu'à 220 000 DA la séance». Un prix exorbitant quand on sait qu'il n'y a aucune garantie de résultat. C'est pour ces raisons que le Dr Nadir appelle le ministère de la Santé à prendre en charge ce dossier et préconise le remboursement d'une partie des médicaments par la Cnas. La stérilité est un problème dont les répercussions sociales dans les sociétés traditionnelles, peuvent être dramatiques pour la famille. «Le désir de mettre au monde son enfant» étant à l'origine de beaucoup de conflits chez les couples stériles, conduit généralement vers la rupture. Selon une étude réalisée en 2002, 7% des couples algériens en âge de procréation (soit 300 000 couples) sont touchés par la stérilité contre 8 à 10% dans le monde. Devant les avancées considérables que connaît la technique de l'AMP depuis la naissance de Louise Brown au Royaume-Uni en 1978 par fécondation in vitro (on estime à 400 000 naissances par AMP dans le monde chaque année), l'Algérie se doit de définir clairement les cadres juridique, éthique et déontologique afin d'assurer un maximum de garanties aux patients et de réglementer la pratique. «Il y a un vide juridique» l «La période est féconde pour entamer une réflexion. Il est temps d'ouvrir des dossiers aussi importants que l'AMP», soulignait, hier, le Pr Moussa Arrada, président du Conseil national de la déontologie médicale et doyen de la faculté de médecine d'Alger. Et de poursuivre : «Il est temps de mettre en place la législation pour cette pratique.» En matière de législation, justement, l'intervention de Mme Benmensour, représentante du ministère de la Justice et conseillère juridique au Conseil national d'éthique et de déontologie des sciences de la santé, est venue confirmer le retard enregistré par la loi algérienne dans ce domaine. «Il n'y a qu'un seul article de la loi 45-10 du 27 février 2005 qui fait allusion à l'AMP. Cet article autorise les deux conjoints à recourir à l'insémination artificielle mais sans délimiter les champs d'interventions ni déterminer les responsabilités». Pour la juriste, il y a «un manque juridique concernant la PMA en Algérie». Seul le ministère de la Santé a mis en place le cadre réglementaire de la pratique à travers l'instruction n° 300 du 15 mai 2000 fixant les bonnes pratiques en assistance médicale à la procréation.