«Le Président a eu raison de ne pas s'excuser…», a notamment déclaré le chanteur visiblement aigri de ne pas être venu en Algérie. Pour sa part, le chef de l'Etat français, sitôt rentré de voyage, a rencontré les harkis qu'il a confortés et remerciés pour les services rendus. A peine rentré à l'Elysée, au terme d'un voyage de trois jours en Algérie, Nicolas Sarkozy, tel un tribun apte à changer de tempo au gré des situations, s'est empressé de rendre hommage aux harkis engagés durant la Guerre de Libération nationale, dans l'armée française. «Il est légitime et juste que (les harkis) reçoivent l'hommage solennel de la nation», a-t-il dit en recevant hier soir, à la présidence, des Associations d'anciens combattants d'Afrique du Nord et de rapatriés harkis. C'était comme s'il s'excusait même d'avoir dénoncé le «système colonial», lui qui a réitéré son refus de prononcer des excuses pour les crimes commis contre le peuple algérien par la France coloniale pendant des décennies. Mais Sarkozy n'a pas été le seul à jeter un pavé dans la mare. Dans le même timing, l'auteur du «Grand pardon» est sorti de son mutisme pour tenter de pourrir davantage la situation. Enrico Macias, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a déclaré, hier, que le Président Sarkozy avait «eu raison de ne pas s'excuser» pour la colonisation lors de son voyage officiel en Algérie. «Le Président a eu raison de ne pas s'excuser sinon les Algériens dans ce cas-là doivent aussi s'excuser de pas mal de choses», a déclaré le chanteur né en Algérie sur la radio France Info. Piètre argumentation : depuis quand une victime demande des excuses à son bourreau ? «Nicolas Sarkozy a brisé les anciens tabous» et « a été obligé aussi d'employer des mots qui font plus ou moins plaisir aux Algériens», a ajouté le chanteur natif de l'ancien quartier juif de Constantine qui se permet ainsi de tourner en dérision les souffrances et les plaies non encore cicatrisées de tout un peuple. Interrogé sur le discours de Constantine de Nicolas Sarkozy Enrico Macias a jugé que le Président français «mérite un prix Nobel de la Paix par ce qu'il a dit en parlant de l'antisémitisme, de l'islamophobie, en parlant d'Israël, de la Palestine, il fallait le faire. Personne n'avait osé faire cela en Algérie». Revenant sur sa décision de ne pas accompagner finalement la délégation française, Enrico Macias a affirmé qu'il n'avait «jamais» été menacé mais qu'«on a plutôt pratiqué à son égard l'exclusion». C'est à se demander pourquoi, tiens ! Pour ce qui concerne l'Algérie, le dossier des harkis est définitivement clos, comme l'a déjà affirmé le Président Abdelaziz Bouteflika. Invité au cours de sa visite en France en 2000, par Jacques Chirac à serrer la main à un représentant de l'Association des harkis, celui-ci a catégoriquement refusé. Le traité d'amitié franco-algérien venait d'en prendre un sacré coup. Aux Français qui semblaient ne pas comprendre une telle réaction, Bouteflika avait expliqué que l'Algérie réservait à ses harkis le même traitement qu'eux réservaient à leurs «collabos» avec les nazis. Les déclarations de Sarkozy, relayé par Enrico, interviennent après un accueil des plus chaleureux en Algérie et des projets très juteux au profit des hommes d'affaires de l'Hexagone (la bagatelle de 5 milliards d'euros).