Résumé de la 3e partie n Avirah reconnaît sa voisine : Cynthia Lathem qui a fait de la prison pour un crime dont elle se dit innocente... Après dîner, ils allèrent admirer Debbie Reynolds dans une nouvelle comédie qui passait au théâtre de Cape Cod avant d'être jouée à Broaway. A l'entracte, tout en buvant un ginger ale sur la pelouse devant le théâtre, Alvirah raconta à Willy qu'elle avait toujours eu un faible pour Debbie Reynolds depuis l'époque où elle jouait enfant dans des comédies musicales avec Mickey Rooney. C'était monstrueux de la part d'Eddi Fisher de l'avoir plaquée avec deux petits enfants. «Et qu'en a-t-il retiré ? conclut-elle d'un ton sentencieux tandis que la sonnerie les appelait à regagner leurs places pour le second acte. Il a été d'échec en échec par la suite. On gagne rarement à mal se conduire.» Cette pertinente réflexion amena Alvirah à se demander si son rédacteur en chef avait envoyé les renseignements concernant leur voisine. Elle avait hâte de les lire. Pendant qu'Alvirah et Willy s'enthousiasmaient pour Debbie Reynols, Cynthia commençait enfin à réaliser qu'elle était vraiment libre, que ses douze années de prison étaient derrière elle. Douze ans... Douze ans auparavant, elle s'apprêtait à entrer en troisième année à l'Ecole des beaux-arts de Rhode Island quand son beau-père, Stuart Richards, avait été assassiné dans le bureau de sa résidence, une maison d'armateur du XVIIIe siècle située à Dennis. En arrivant cet après-midi, Cynthia était passée en voiture devant la maison et s'était arrêtée sur la route pour l'examiner. Qui l'habitait maintenant ? se demandait-elle. Sa demi-sœur, Lillian, l'avait-elle vendue ou conservée ? La propriété était dans la famille Richards depuis trois générations, mais Lillian n'était pas du genre sentimental. Puis Cynthia avait appuyé sur l'accélérateur, soudain glacée au souvenir de cette horrible nuit et des jours qui avaient suivi. L'accusation. L'arrestation. La comparution au tribunal, le procès. Sa confiance au début : «Je peux apporter la preuve absolue que j'ai quitté la maison à vingt heures et n'y suis pas revenue avant minuit passé. J'étais avec quelqu'un.» Cynthia frissonna et serra autour de sa frêle silhouette la robe de chambre de lainage bleu clair. Elle pesait soixante-deux kilos le jour où on l'avait mise en prison. Elle n'en pesait plus que cinquante-cinq aujourd'hui, trop peu pour son mètre soixante-douze. Ses cheveux d'un blond doré avaient foncé au fil du temps. Fadasses, se dit-elle en les brossant. Ses yeux couleur noisette, si semblables à ceux de sa mère, avaient aujourd'hui un regard amorphe et vide. Au déjeuner, le dernier jour, Stuart Richards avait dit : «Tu ressembles de plus en plus à ta mère. J'aurais dû avoir l'intelligence de la garder.» Cynthia avait huit ans lorsque sa mère avait épousé Stuart et douze au moment de leur séparation. Le plus long des deux mariages de son beau-père. Lillian, sa fille naturelle, de dix ans l'aînée de Cynthia, avait vécu avec sa mère à New York et venait rarement à Cape Cod. (à suivre...)