Résumé de la 2e partie n En quête de scandales pour son journal, Alvirah voit sa voisine qui montre des signes de chagrin… La jeune femme se tourna vers elle et un sentiment de compassion envahit Alvirah. Elle semblait se relever d'une longue maladie. Pâle comme la mort, les muscles des bras et des jambes amaigris par l'inactivité. «Je suis venue ici pour être seule, non pour entretenir des rapports de voisinage, dit-elle doucement. Ne m'en veuillez pas, je vous prie.» Ces paroles auraient sans doute été définitives, comme le fit remarquer par la suite Alvirah, si en tournant les talons elle n'avait trébuché sur un tabouret et n'était tombée lourdement sur le sol de la véranda. Alvirah s'était précipitée pour l'aider à se relever, refusant de la laisser entrer seule dans sa maison et, se sentant en quelque sorte responsable de l'accident, elle avait enveloppé d'un sac de glace le poignet qui gonflait à vue d'œil. Après s'être assurée qu'il s'agissait d'une simple foulure, elle avait préparé du thé et appris que la jeune femme s'appelait Cynthia Rogers et qu'elle était professeur dans l'Illinois. Cette dernière information lui mit la puce à l'oreille car, comme elle le dit à Willy à son retour une heure plus tard, elle n'avait pas mis dix minutes à reconnaître leur voisine. «Elle peut toujours dire qu'elle se nomme Cynthia Rogers, son véritable nom est Cynthia Lathem. Elle a été condamnée pour le meurtre de son beau-père il y a douze ans. Il était bourré aux as. Je me souviens de l'affaire comme si c'était hier. — Tu te souviens toujours de tout comme si c'était hier, fit remarquer Willy. — C'est vrai. Et tu sais que je lis toujours ce qu'on raconte sur les meurtres. En tout cas, ça s'est passé ici, à Cape Cod. Cynthia a juré qu'elle était innocente, et elle a toujours dit qu'il existait un témoin capable de prouver qu'elle était absente de la maison à l'heure du crime. Mais le jury ne l'a pas crue. Pourquoi donc est-elle revenue ? Il faut que j'appelle le Globe et que je demande à Charley Evans de m'envoyer le dossier complet concernant le procès. Elle sort probablement à peine de prison. Elle a le teint gris. Peut-être... (le regard d'Alvirah pétilla soudain)... peut-être est-elle venue rechercher ce témoin qui lui a fait défaut pour sa défense. Mon Dieu, Willy, je crois que nous allons vivre des jours passionnants.» Consterné, Willy regarda Alvirah ouvrir le premier tiroir de la commode, sortir sa broche munie du micro incorporé et composer le numéro de la ligne directe de son rédacteur en chef à New York. Ce soir-là, Willy et Alvirah dînèrent à l'auberge du Faisan Rouge. Alvirah portait pour l'occasion une robe imprimée beige et bleue soigneusement choisie chez Bergdorf Goodman. Malgré tout, avait-elle avoué à Willy après l'avoir enfilée, elle lui paraissait peu différente de la robe achetée chez Alexander's quelques jours avant qu'ils ne gagnent à la loterie. «C'est à cause de mes rondeurs, se lamenta-t-elle en étalant du beurre sur un muffin aux cassis juste sorti du four. Seigneur, ces muffins sont un régal ! A propos, Willy, je suis contente que tu aies acheté cette veste de lin jaune. Elle met en valeur tes yeux bleus, et tu as encore de si beaux cheveux. — J'ai plutôt l'impression de ressembler à un canari, de quatre-vingt-dix kilos, grommela Willy, mais du moment que tu es satisfaite.» (à suivre...)