Résumé de la 20e partie n Alvirah a prodigué des conseils à Cynthia qui est allée au rendez-vous de Lillian et Ned... Elle se prépara une seconde tasse de thé et s'installa à la table du coin-cuisine, tournant le dos à la porte qui ouvrait sur la terrasse, et elle commença à rédiger le brouillon de l'article qu'elle comptait envoyer bientôt au New York GIobe : Cynthia Lathem, qui avait dix-neuf ans à l'époque de sa condamnation à douze ans de prison pour un meurtre qu'elle n'avait pas commis, peut aujourd'hui prouver son innocence. «Oh, je ne crois pas que ça va se passer comme ça», dit une voix derrière elle. Alvirah se tourna brusquement et leva la tête vers le visage sombre et menaçant de Ned Creighton. Cynthia attendit sur les marches de la véranda de la maison familiale des Richards. A travers l'imposante porte de chêne, elle entendait le faible tintement du carillon. Il lui vint tout à coup à l'esprit qu'elle possédait encore la clé de cette maison et elle se demanda si Lillian avait changé les serrures. La porte s'ouvrit et Lillian apparut dans le hall de l'entrée. La lumière de la lampe Tiffany au-dessus de sa tête éclairait ses hautes pommettes, ses grands yeux bleus, ses cheveux d'un blond cendré. Cynthia sentit un frisson glacé la traverser. En douze ans, Lillian était devenue le portrait craché de Stuart. Plus petite, bien sûr. Plus jeune aussi, mais néanmoins une version féminine de l'homme à la superbe prestance de son souvenir. Avec la même lueur de cruauté dans les yeux. «Entre, Cynthia.» La voix de Lillian n'avait pas changé. Claire, composée, mais avec cette note acérée, agacée, qui marquait l'élocution de Stuart Richards. En silence, Cynthia suivit Lillian dans l'entrée. La salle de séjour était faiblement éclairée. Elle était telle que dans ses souvenirs. La disposition des meubles, les tapis d'Orient, le tableau au-dessus de la cheminée — rien n'avait changé. La salle à manger majestueuse sur la gauche avait encore l'apparence inhabitée qui l'avait toujours caractérisée. Ils prenaient généralement leurs repas dans la petite pièce qui jouxtait la bibliothèque. Elle s'était attendue à ce que Lillian la conduise dans la bibliothèque. Mais elle alla directement à l'arrière de la maison, vers le bureau où Stuart était mort. Cynthia serra les lèvres, vérifia la présence de la broche. Etait-ce un moyen de l'effrayer ? se demanda-t-elle. Lillian s'assit derrière le bureau massif. Cynthia revit la nuit où elle était entrée dans cette pièce pour trouver Stuart étendu sur le tapis au pied de ce même bureau. Elle sentit ses mains devenir moites. Des gouttes de transpiration perlaient sur son front. Dehors, elle entendait le vent gémir en forcissant. Lillian joignit les mains et leva les yeux vers Cynthia. «Tu peux t'asseoir.» Cynthia se mordit les lèvres. Le restant de ses jours allait dépendre de ce qu'elle dirait dans les minutes suivantes. «Je crois que c'est à moi de décider qui doit s'asseoir ou non, dit-elle à Lillian. Ton père m'avait légué cette maison. Lorsque tu as téléphoné, tu as parlé d'arrangement. Pas de manigances maintenant. Et n'essaie pas de m'impressionner. La prison m'a ôté toute timidité. Crois-moi. Où est Ned ? (à suivre...)