Bab El-Oued Garçon unique, Mourad adulé par des parents qui l?adoptent à l?automne de leur vie, croit que tout lui est acquis. Il ne fournit aucun effort en classe et se retrouve dans la rue à 12 ans. Père de sept filles, Rachid, vu son âge et sa maladie, désespère de ne pouvoir mettre au monde un héritier. Son épouse, plus très jeune non plus, décide d?adopter un garçon à sa naissance. Ainsi, pensent-ils, l?enfant ne revendiquera plus jamais d?autre paternité. Rachid dépose donc sa requête auprès des services concernés qui ne tardent pas à lui répondre favorablement. Le garçon tant attendu est enfin dans les bras des parents, au comble du bonheur. Mourad vit une enfance de prince. Et pour cause : ses vieux n?ont d?yeux que pour lui. Adulé et gâté à l?extrême, ses caprices et ses désirs sont des ordres. Ses s?urs, elles, sont reléguées au second rang. Au fil du temps, ces largesses démesurées, au lieu d?épanouir l?enfant, lui nuisent énormément. Abandonnant l?école, il se laisse entraîner par de mauvaises fréquentations. Et c?est ainsi qu?il débute avec la cigarette suivie d?un verre de temps à autre, histoire d?éviter que l?odeur de l?alcool ne se répande dans la maison, puis il touche aux stups. D?abord il sniffe de la colle puis grille des joints, toutes ces passions il s?en rassasie en cachant parfaitement son jeu à ses parents, pour lesquels leur «petit-trésor» est un enfant de ch?ur. Ils disent même entre eux et autour d?eux que «si Mourad n?a pas réussi en classe c?est que Dieu en a décidé ainsi, mais il est si sage et si sérieux que nous dépenserons tout ce que nous possédons pour lui acheter un local». Entre-temps les autres filles se marient et, désormais, Mourad jouit d?une totale liberté. Il devient le maître incontesté de la maison. Aussi, l?aventure dans la voie de la toxicomanie démarre pour de vrai pour lui. Inconscient et ingrat, il soutire sans cesse de l?argent à ses parents à n?importe quelle heure de la journée. Et comme une très petite quantité de stups coûte beaucoup plus qu?une boîte de chocolat, il est aisé de comprendre ce que ces derniers subissent devant ses demandes de plus en plus pressantes. Cette déviation du fils prodige, qu?ils finissent par comprendre vraiment, les affecte énormément. En effet, Malika et Rachid, déjà atteints d?un pathologie chronique, souffrent de plus en plus des agissements néfastes de la prunelle de leurs yeux. Ce jour-là, Malika étant absente, Mourad, qui a maintenant 19 ans, se retrouve seul avec son père à la maison. Tard dans la soirée le fils s?approche du père et lui demande quelques billets. Il sait, en effet, que celui-ci est en possession de 2 000 dinars. Ayant bu le calice jusqu?à la lie et décidé d?en finir une bonne fois pour toutes avec ces contraintes que lui fait subir son propre fils, placé faussement sur un piédestal depuis sa naissance, Rachid refuse. Mourad entre dans une colère noire, fulmine, l?insulte, casse et piétine tout objet à sa portée. Rachid ne réagit pas. Mourad finit par se calmer et s?endormir. Seulement à deux heures du matin, le manque devient intenable et il doit avaler sa dose. Il se lève, tourne en rond comme un lion en cage, puis s?approche de son père qui dort profondément pour le voler. Car cet argent, il le veut coûte que coûte. Le sexagénaire se réveille en sursaut, mais un coup de tournevis le cloue à sa place. Mourad pique encore chaque fois que son père pousse un cri. A son évanouissement, il met tout sens dessus-dessous et court prévenir sa tante Naïma à qui il raconte que des malfaiteurs les ont attaqués. A l?arrivée de Naïma, les policiers, alertés par les voisins qui ont entendu les hurlements de Rachid, se trouvent déjà sur les lieux. Ce dernier transporté dans un état très grave au service des urgences, affirme qu?aucun malfaiteur ne l?a agressé et que c?est l??uvre de son propre fils. Il faut dire qu?aucune partie de son corps n?a échappé à l?affreuse arme. Arrêté, l?adolescent est placé sous mandat de dépôt, alors que son père gît sur un lit d?hôpital.