Résumé de la 5e partie n La marâtre demande à sa vraie fille de se substituer à Meriem qui, entre-temps, va être secourue par le Prince... Impossible. Prenez garde... Je suis là avec mon bébé et le boa !...» Le Prince alla consulter un debbar (devin). Il conseilla de tuer un mouton et de le sacrifier au boa. On lui jetterait d'abord un très gros morceau. Et pendant qu'à moitié étranglé il le déglutinerait, on monterait d'abord l'enfant dans un panier. La digestion du boa l'amènerait à se dérouler. A ce moment-là, on pourrait remonter la princesse. Ainsi fut fait. La princesse se jeta dans les bras du Prince qui lui demanda ce qui s'était passé. Elle avoua tout : son accueil clandestin de sa marâtre et de sa fille, par crainte et honte du Roi et par charité pour elles, la scène du puits, les visites du frère transformé en gazelle. Le Prince comprit pourquoi la belle-sœur substituée à sa femme voulait lui faire chasser la gazelle. Fou de colère, il lui dit : «Je vais te brûler…» Elle avoua que c'était sa mère qui l'avait obligée à donner ce conseil au Prince, car elle voulait absolument manger le cœur et le foie de cette gazelle. Elle ajouta même qu'elle envoyait tous les jours son père avec un âne porteur de chouari (paniers jumeaux en sparterie dont on selle les ânes) dans l'espoir qu'il lui rapporte les morceaux de la gazelle. Alors le Prince, au comble de l'indignation, fit mander le boucher. Il lui ordonna de tuer la fille de cette mégère, de la couper en morceaux, de faire venir l'âne du mendiant, de charger ses chouari en mettant d'abord la tête de la fille au fond du sac, ensuite les morceaux, et au-dessus du tas, le poumon, les tripes, le cœur et le foie. Lorsque le boucher ramena l'âne au mendiant, le pauvre homme crut que c'était là les dépouilles de son fils. Il se mit à pleurer. Puis il conduisit l'âne à sa femme. Celle-ci exultait. Le Prince avait ainsi donné le témoignage suprême d'obéissance à son épouse : «Comme le Roi aime ma fille !» s'écria-t-elle. Elle alluma un canoune pour préparer son méchoui et invita son mari. Celui-ci, accablé, refusa et s'éloigna. La femme sortit d'abord du sac le poumon. Elle voulut associer son chat à la fête et lui proposa cette fressure. Mais le chat répondit : La nakoul er-rya. La nebki. La iatarrou aïni. Je ne mangerai pas ce poumon. Je ne pleurerai pas. Mes yeux ne seront point tuméfiés. La femme étonnée appela alors son chien et lui proposa les tripes. Mais le chien répliqua : La nakoul el qarqour. La nebki. La nenouh. Je ne mangerai pas ces boyaux, Je ne pleurerai pas, Je ne gémirai pas à la mort. Ces animaux s'éloignèrent dignement à leur tour. Alors, la femme aperçut le cœur et le foie. Ses yeux brillèrent intensément et elle se jeta sur le foie d'abord qu'elle mit à frire et l'avala gloutonnement pour apaiser sa vengeance. Puis elle en fit autant du cœur, afin d'hériter de la force du fils. (à suivre...)