Barre technique n Depuis quelque temps, on assiste à une petite révolution de velours dans le monde très frénétique des entraîneurs, où le limogeage rime plus avec un changement de chaussette qu'avec un acte de gestion, celle de l'avènement des entraîneurs adjoints. «Si ça ne tenait qu'à moi seulement, j'aurais laissé volontiers un technicien comme Abdelhak Boufenara à la tête de l'équipe car j'estime qu'il a la confiance des joueurs, fait du bon travail et fait étalage de son savoir-faire.». Ce sont-là les paroles de Abdelhakim Serrar, le président de l'Entente de Sétif, au lendemain de la victoire de son équipe en ligue des champions des clubs arabe face aux Marocains du Raja de Casablanca entraînés par un certain Jean-Yves Chay. Le boss de l'ESS faisait allusion également à l'arrivée de l'entraîneur Bernard Simondi, sous la pression du comité directeur qui voulait remplacer le départ de Noureddine Saâdi, en expliquant que le club avait déjà perdu beaucoup d'argent en engageant pour moins de trois mois le Suisse Charles Roessli qui s'en est reparti avec un joli magot (9 millions de dinars) et qu'il était temps de donner sa chance à la jeune génération d'entraîneurs algériens de s'affirmer. Le mot est lâché, il faut donner leur chance à nos jeunes techniciens de prouver leurs compétences et de se frotter aux données irremplaçables du terrain. L'exemple de Moussa Saïb à la JS Kabylie en est la parfaite illustration puisque son équipe caracole en tête du classement et s'apprête à décrocher le titre honorifique de champion d'automne. Après quelques piges en tant qu'adjoint et un passage seul durant quelques mois, il y a deux saisons, Saïb est revenu en force avec beaucoup de maturité et de conviction pour exercer son nouveau métier, même s'il avoue qu'il a encore du chemin à faire. D'autres collègues comme lui sont en train, eux aussi, de faire leur petit bonhomme de chemin à l'image de Saïd Hammouche, l'actuel entraîneur de l'étonnante MC Saïda longtemps resté à l'ombre de Mustapha Biskri avant de décider de voler de ses propres ailes. Arrivé à la dernière minute chez le nouveau promu qui retrouve l'élite après vingt ans, Hammouche a réalisé un excellent travail qui a permis en peu de temps à son équipe d'occuper une honorable place au classement et de valoriser plusieurs éléments, tels que le duo Hamidi-Seguer sans les grands moyens des grosses cylindrées de la Nationale Une. L'autre promu, l'AS Khroub n'est pas en reste puisque ses dirigeants n'ont pas hésité à confier les rênes techniques à l'ancien gardien international Liamine Bougherara qui n'était autre que l'adjoint de Belaribi, parti précipitamment en début de saison. L'enfant de Aïn M'lila a, lui aussi, contribué au maintien de l'ASK dans le milieu du tableau se permettant même le luxe d'aller battre le champion en titre sur son terrain. Dans ce même registre, Farid Zemiti, qui assure à chaque fois l'intérim technique au NA Hussein-Dey mérite plus que ce poste d'adjoint qui a tendance à lui coller à la peau alors qu'à chaque fois, il a prouvé qu'il était capable de driver l'équipe dans des conditions très difficiles. Et c'est là, qu'on reconnaît les capacités d'un technicien et son pouvoir de gérer les hommes, surtout lorsque les joueurs ne sont pas payés et que les résultats ne viennent pas. Le NAHD a même retrouvé la joie de vivre et la voie du succès sous la coupe de cet enfant du club. Actuellement, l'USM Alger est sans entraîneur en chef depuis la démission d'Abdelkader Amrani et qui tient la baraque à votre avis ? C'est bien évidemment Mustapha Aksouh, l'éternel adjoint et pompier de service qui assure l'intérim en attendant que le président Allik finalise avec Ali Fergani (le plus pressenti) ou un autre technicien de «renom». Des adjoints qui assurent plus que le service minimum l Il faut dire que dans le milieu du travail en Algérie, la confirmation au poste est devenue, par la force du temps et des pratiques de gestion, un luxe qui s'arrache. Que dire alors du milieu du football et plus particulièrement chez les entraîneurs, soit le corps le plus fragile et le plus soumis à une instabilité chronique. Tout ça pour dire qu'il faut tirer tout même chapeau à ces jeunes entraîneurs ou à ces adjoints tout court qui assurent plus que le service minimum dans leurs équipes respectives, mais maintiennent des machines en fonction au détriment de leurs propres ambitions et de leurs talents. Pour terminer, on a pensé à un moment donné que l'extravagant président de l'USM Annaba allait peut-être changer le cours de la révolution (pas celui de la Coquette bien sûr) en faisant appel à Abdelhak Boufenara comme coach en chef, mais ce n'était qu'un leurre puisqu'il le voulait comme adjoint de luxe au Français Buigues. Dommage, on en a cru un coup, mais bon, ce n'est qu'une question de temps puisque Boufenara finira par s'envoler seul, loin de Saâdi avec qui il a de tout temps travaillé ou un autre, car il est temps de prendre son indépendance.