Résumé de la 11e partie n Après des journées très sanglantes, la population du Gévaudan s'insurge : les chasseurs, dépêchés par le roi, ne font pas leur travail ! C'est le comte de Morangiès, qui, une fois de plus, fait appel aux autorités pour attirer l'attention sur l'inefficacité des Denneval, «chasseurs réputés», venus délivrer le Gévaudan de la bête qui le massacre. Déjà, dans une lettre datée du 3 mai, après que la bête a été blessée par les frères Marlet, il écrit au syndic Lafont. «Comment ces hommes, qui se prétendent être les meilleurs chasseurs, peuvent-ils se targuer de ce titre ? Des dizaines de victimes ont été recensées, l'insécurité règne toujours, les battues n'ont rien donné et les gens sont las de participer à des chasses qui ne riment à rien ! Et l'effronterie de ces chasseurs normands et à son comble ! Ils n'ont rien d'humain que le nom ! Tout ce qui les intéresse, c'est le gain !» D'autres lettres vont suivre. Le syndic Lafont transmet les doléances. D'habitude réservé, il va se mettre, lui aussi, à accabler les Denneval. «Depuis qu'ils sont dans le Gévaudan, rien n'a été fait… C'était comme au temps du chef des dragons Duhammel !» Le père Denneval est mis sur le gril : «Il est vieux et ne se déplace guère de sa résidence de Malzieu, payée par les autorités. On a l'impression qu'il a peur d'exposer ses chiens, qui ne sont, d'ailleurs, pas faits pour ces chasses ! Ce vieux chasseur, qui prétend avoir tué plusieurs centaines de loups, n'en a pas tué au Gévaudan !» Quant au fils, c'est «un vantard, qui ne pense qu'à s'amuser». En revanche, ce que Lafont ne dit pas, mais que tout le monde sait, c'est que les Denneval sont protégés par le ministère … La population, ne sachant plus à qui s'adresser pour tuer la bête, se met à faire des propositions. L'abbé Pourcher a copié quelques-unes de ces propositions, dont certaines sont franchement extravagantes. Dans une lettre, un citoyen écrit que puisque la bête semble apprécier le beau sexe, il faut lui en donner. «Placer des femmes artificielles, comme des poupées grandeur nature, sur des piquets pliants. Les remplir de poison et laisser la bête s'en gaver. On ne manquerait pas de la retrouver dans la forêt, les pattes en l'air !» Un autre : «prenez des femmes de paille, et puisque la bête aime particulièrement le foie, y mettre un foie de veau qu'on aura pris le soin d'empoisonner. Une autre : «puisque la bête aime les enfants, il faut placer une statue habillée en enfant. On poste des gardes derrière et, dès que la bête apparaît, on tire !» Une autre encore : «Il faut habiller un mouton ou un porc en enfant, lui tourner le dos, pour que la bête ne le voie pas, et tirer à vue, dès qu'elle s'en approche !» On propose encore un système de cages, plus ou moins farfelues, des pièges, etc. (à suivre...)