Les détaillants se disent victimes des pratiques illégales de certains grossistes lesquels font de la vente au détail. Pour leur part, des grossistes estiment n'avoir pas le choix mettant en avant leurs difficultés financières. Des voitures notamment des véhicules utilitaires, se suivent à la queue leu leu attendant avec impatience le geste libérateur de l'agent de police qui règule la circulation. Mais quelle est la cause de ce tohu-bohu aux abords de Kouba, une commune connue jadis pour son calme et son retrait par rapport à une capitale trop bruyante ? Il est vrai que des pâtissiers et des glaciers se sont bâti une réputation assez sérieuse pour attirer les foules, mais à 9h30, un doute sérieux s'installe quant à l'attrait exercé par ce genre de boutique. La réponse est toute simple. La raison de cet encombrement de véhicules est la présence de ce qu'on pourrait appeler «l'artère des grossistes» de Jolie-Vue. S'étendant sur plus d'un kilomètre, les deux longues rangées de villas qui se font face depuis ledit barrage policier jusqu'à l'hôpital de Kouba, n'ont, pour la plupart, de bâti que les garages transformés en dépôt et autre commerce de tout type de marchandises. Même si Jolie-Vue est surtout réputée pour ces grossistes en alimentation générale, d'autres commerces s'y sont installés à l'image des vendeurs de pièces détachées auto, de produits d'emballages ou de jeux et jouets pour enfants. Une fois le barrage policier franchi, une véritable symphonie dirigée par un chef d'orchestre désarticulé semble guider les déplacements des véhicules. Il est pratiquement impossible de savoir à l'avance ce que va faire le véhicule qui nous précède. Stopper net, tourner à droite, à gauche, stationner en double file tout est possible. Si on ajoute à cela l'état «incompréhensible» de la route, deux voies séparées par un dénivellement et qui se rejoignent à certains endroits, un rond-point toujours bloqué, un croisement source d'embouteillage, le tout agrémenté par le nombre impressionnant de semi-remorques gigantesques manœuvrant dans des petits périmètres pour charger et décharger la marchandise... À bout de nerfs, nous réussissons finalement à trouver un petit espace qui a échappé au regard des autres automobilistes, le petit gabarit du véhicule aidant, nous avons pu nous arrêter pour avoir une réponse à nos préoccupations. Le commerce qui nous fait face est justement un grossiste en alimentation générale. Exactement ce qu'on cherchait. Dans un local très vaste, des cartons sont entassés dès l'entrée, obstruant ainsi l'accès. Des jeunes s'activent à transporter la marchandise à l'intérieur sous le regard sévère d'un quinquagénaire qui semble être le patron. Ce n'est qu'en s'approchant de ce dernier et en lui posant la question que nous avons su finalement la cause de cette activité intense quasi inexistante ou faible les autres jours de la semaine. «C'est le jour des livraisons. Le samedi, les détaillants viennent faire leurs achats de la semaine. Pour les familles c'est en général le vendredi qu'elles font le marché, les commerçants c'est plutôt aujourd'hui», nous informe Ammi Omar qui nous a tourné le dos dès qu'on a révélé notre identité.