Résumé de la 14e partie n Alvirah et Cynthia se sont rendus au restaurant de Ned. Ce dernier leur cache la vérité qu'elles sont censées connaître... Alvirah pensait souvent qu'avec un peu de pratique elle pourrait être guide dans un musée. «Observez l'utilisation de l'éclairage, les rayons du soleil sur la poussière de la table.» Il lui suffisait d'imiter le baratin de Mme Rawings. Devinant la nervosité grandissante de Cynthia, Alvirah tenta de la distraire en lui parlant de Mme Rawings après que le maître d'hôtel les eut accompagnées à une table près de la fenêtre. Cynthia sentit un sourire lui venir aux lèvres en écoutant Alvirah lui raconter qu'avec toute sa fortune, Mme Rawings ne lui offrait jamais plus qu'une carte postale pour Noël. «La vieille bique la plus pingre, la plus désagréable de la planète, pourtant je la plains, ajouta-t-elle. Personne d'autre n'acceptait de travailler chez elle. Mais quand mon temps viendra, j'ai l'intention de faire remarquer au Seigneur que j'ai beaucoup de points Rawings à mon actif. — Si votre plan marche, vous aurez aussi beaucoup de points Lathem à votre actif, dit Cynthia. — J'espère bien. A présent, gardez ce sourire. Vous avez l'air du chat qui a avalé le canari. Est-ce qu'il est là ? — Je ne l'ai pas encore vu. — Bon. Quand cet engoncé viendra nous apporter la carte, dites que vous désirez le voir.» Le maître d'hôtel s'approchait d'elles, un sourire professionnel plaqué sur son visage flegmatique. «Puis-je vous offrir un apéritif ? — Oui. Deux verres de vin blanc. M. Creighton est-il là ? demanda Cynthia. — Je crois qu'il s'entretient avec le chef aux cuisines. — Je suis une de ses amies, poursuivit Cynthia. Voulez-vous lui demander de venir à ma table lorsqu'il sera libre ? — Certainement. Vous avez un réel talent d'actrice, chuchota Alvirah, le visage abrité derrière la carte, sachant d'expérience qu'il fallait se montrer prudent au cas où quelqu'un lirait sur vos lèvres. Et je suis ravie de vous avoir poussée à acheter cet ensemble ce matin. Le contenu de votre penderie était désespérant.» Cynthia portait une veste de lin jaune citron sur une jupe noire, une écharpe de soie jaune, noire et blanche négligemment nouée sur une épaule. Alvirah l'avait également accompagnée chez le coiffeur et ses cheveux mi-longs ondulaient maintenant en vagues souples autour de son visage. Un léger fond de teint dissimulait sa pâleur anormale, avivant la couleur noisette de ses grands yeux. «Vous êtes ravissante», dit Alvirah. Alvirah, à regret, avait subi une métamorphose différente. Elle avait troqué la teinte donnée par Vidal Sassoon à ses cheveux pour son ancienne crinière rousse. Elle avait aussi coupé ses ongles à ras, les laissant sans vernis. Après avoir aidé Cynthia à choisir son ensemble jaune et noir, elle s'était rendue au rayon des soldes où pour de bonnes raisons la robe violette qu'elle portait était bradée à dix dollars. Le fait qu'elle fût trop étroite d'une taille soulignait les bourrelets dont Willy se plaisait à expliquer qu'ils étaient le rembourrage prévu par la nature pour amortir la chute finale. (à suivre...)