Il est difficile de connaître l?étendue de l?influence de William Mullin sur son fils. Ce n?est pas un crime de raconter des histoires de guerre à son fils. Peut-être William Mullin essayait-il d'associer son fils aux événements de sa vie qui présentaient le plus d?importance pour lui, ce qui est le cas pour de nombreux héros de guerre. Après qu?il eut tenté de devenir un boxeur, Herb Mullin était revenu chez ses parents. Un jour, il s?était avancé vers son père, les poings levés : «Allez, on y va, ça ne va pas durer longtemps». Il lui avait donné de vrais coups de poing. William Mullin expliqua au Docteur Lunde que ça lui avait fait peur. «C?était tellement différent de ce que nous avions fait avant? Il n?était pas le même garçon que nous avions élevé et connu». Le père de Herb Mullin était un homme stoïque et sévère, mais raisonnable. Il avait même écrit une lettre pour soutenir le choix de son fils d?être un objecteur de conscience, alors que cela devait beaucoup l?affecter. Herb écrivit plus tard à son père : «Mon truc de l?objection de conscience était contre ta volonté. C?est le passé, maintenant. Je ne sais pas qui avait raison et qui avait tort. Tout ce que je sais c?est que j?ai eu très mal à cause de toute cette confusion. Me laisserais-tu vivre chez toi de nouveau ?» Mais durant le procès, Mullin accusa son père de l?avoir envoyé à l?Université d?Etat de San Jose, tout en sachant que le mouvement anti-guerre était très présent sur le campus, parce qu?il voulait que son fils rejoigne la contre-culture. Herb Mullin était pris dans une spirale de rébellion et de réconciliation avec son père, agissant de manière à le blesser puis tentant de regagner son approbation. Un autre psychiatre, pour l?accusation, expliqua que «l?incapacité d'Herbert Mullin d?exprimer de la haine pour son père a conduit une partie de cette haine à être dirigée vers d?autres personnes». «Mon père était sergent chez les marines et avait l?habitude de donner des ordres aux gens de tuer», dit Mullin. Durant le procès, il demanda au docteur Lunde et à son avocat de comparer les empreintes digitales de son père à celles relevées sur tous les lieux de meurtres qui avaient eu lieu dans l?Oregon et en Californie depuis 1925. Selon lui, s?il pouvait prouver que son père était un tueur en série, les jurés seraient peut-être cléments avec lui. Lorsque ce fut son tour de témoigner, Mullin, comme le décrivit un journaliste, «prit une pose de conférencier». Il était assis dans le box des témoins, entourés par ses notes, et accusait sa famille, ses amis et ses professeurs d?avoir voulu l?empêcher de devenir «trop puissant dans ma vie prochaine». La réincarnation n?était pas qu?une réflexion cosmique. Pour Mullin, elle expliquait tout. Tout le monde marchandait le pouvoir et une meilleure position dans la vie prochaine. Il pensait que ses parents lui avaient dit qu?«ils allaient lui donner du bon temps dans la prochaine vie mais ils ne pouvaient pas dans celle-ci»? «Un homme consentant à être tué protège des millions d?autres êtres humains dans la région du tremblement de terre cataclysmique». (à suivre...)