Antécédents n L'assassinat de Mme Bhutto est le point d'orgue d'une série record d'attentats suicide dans l'histoire du pays et dont beaucoup sont toujours irrésolus. Comme pour d'autres assassinats qui ont marqué l'histoire politique sanglante du Pakistan, le mystère pourrait demeurer quant aux coupables et au mobile de l'attentat qui a tué jeudi Benazir Bhutto, tant les pistes sont nombreuses, estiment les analystes. La mort tragique de l'ancien Premier ministre s'ajoute à celles, mystérieuses, du général Zia ul-Haq dans un accident d'avion en 1988, du Premier ministre Liaqat Ali Khan en 1951, tué par balles au même endroit que Mme Bhutto, et des deux frères de cette dernière, morts dans des circonstances inexpliquées, l'un empoisonné dans le sud de la France, l'autre victime d'une fusillade avec la police à Karachi (sud). «Au regard de l'histoire des assassinats politiques au Pakistan, on ne s'attend pas à ce que l'enquête sur la mort de Benazir Bhutto permette de découvrir les véritables coupables», estime Hasan Askari, ancien doyen du département de Sciences politiques à l'Université de Lahore (est). La controverse enfle déjà au Pakistan sur les circonstances de la mort de Mme Bhutto. Le gouvernement affirme qu'elle est morte d'un choc contre le levier du toit ouvrant de sa voiture blindée. Le gouvernement a finalement voulu couper court à la polémique samedi, en reconnaissant qu'elle avait de toute manière été tuée parce qu'on tentait de l'assassiner. Il a dit ne pas avoir besoin d'aide étrangère pour l'enquête, certainement en réaction à la demande de Washington d'ouvrir une enquête internationale sur l'assassinat de Bhutto. Sur le front politique et à quelques jours des législatives, l'incertitude reste totale quant à l'issue de cette échéance affectée par la disparition de la farouche opposante de Musharraf. Tout espoir d'un retour à la normale dans ce pays était suspendue ce dimanche à une réunion cruciale de son parti à Naudero, le fief familial dans le sud. D'abord, le Parti du peuple pakistanais (PPP), premier mouvement d'opposition, doit décider s'il participera ou non aux élections législatives et provinciales prévues pour le 8 janvier et pour lesquelles Mme Bhutto promettait de battre la coalition qui soutient le Président Pervez Musharraf. Il est de toute façon peu probable qu'elles aient lieu à cette date puisque dès samedi, la Commission électorale, qui doit en décider, a indiqué que le processus électoral avait déjà été faussé par la mort de Mme Bhutto et les violences qui émaillent le pays depuis. Et un responsable du parti au pouvoir a indiqué qu'un scrutin sans le PPP serait «vide de signification», une porte ouverte vers l'annonce d'un report. La décision devrait être prise lundi lors d'une réunion de la Commission. Mais dans tous les cas, élections ou pas, le deuxième plus grand pays musulman au monde est menacée d'un chaos.