Vendredi 28 décembre a été une occasion pour les imams de rappeler à l'unisson aux fidèles que la fête de fin d'année relève de l'hérésie (bidaâ). Dans leurs prêches, dont quelques-uns ont été radiotélévisés, les imams ont invité la communauté musulmane à faire plutôt un bilan de l'année qui vient de s'écouler. «Pourquoi célébrons-nous les fêtes des autres ? Est-ce que les autres célèbrent les fêtes des musulmans ? Dernièrement, un moine de Tizi Ouzou a déclaré que l'abattage des ovins à l'occasion de l'Aïd est une atteinte aux droits des animaux…», prêche l'imam de la mosquée d'Oran, retransmis sur les ondes de la radio Chaîne II. Hors des mosquées, les gens jugent carrément «haram» (illicite) le fait de fêter la fin de l'année. Cette dernière est considérée comme une tradition chrétienne. Dans les esprits, il y a cependant une confusion. Le rite chrétien, la Noël, concerne la célébration de la naissance du Christ, le 25 décembre de chaque année. Dans la tradition chrétienne, les familles se procurent un sapin, préparent une bûche (gâteau) et s'offrent des cadeaux avec la présence légendaire du Père Noël. La confusion, due au fait que de nombreux Algériens veulent fêter la fin de l'année non par amour du christianisme, mais parce qu' ils sont concernés par l'avènement du nouvel an puisqu'ils fonctionnent selon le même calendrier que celui des Européens, a donné en Algérie, un mélange des deux fêtes sans discernement. Et quand les imams parlent de «bidaâ», ils ne visent pas précisément Noël ou les festivités de fin d'année, mais les deux à la fois. Dans la tradition musulmane, seules deux fêtes sont reconnues : Aïd el-fitr (sanctionnant la fin du mois de jeûne) et Aïd el-kébir qui est célébrée en égorgeant un mouton sacrifié en hommage au prophète Ibrahim (Abraham).