Depuis la nuit des temps, fêtes et vacances ont fait bon ménage. Ce n'est que partie reprise d'organiser en ces grandes périodes de chaleur des cérémonies culturelles, pèlerinage, randonnées touristiques. Dans cette panoplie de choix récréatif il y a bien sûr les incontournables fêtes de mariage. A tout un chacun, les intérieurs de maisons prenaient l'allure de salons de beauté pour donner libre cours à la forme la plus expressive du tatouage bannis à jamais. Pourtant dans la mémoire collective réside la silhouette de Hizia l'enivrante princesse des Ouled Naîl dont le tatouage faisait parler d'elle. Aujourd'hui, il renaît de ses cendres avec la belle expression consacrée. Passé pour être une forme d'expression profane à caractère totémique, certains se piquaient à profusion par coquetterie, ou encore par appartenance tribale. Dans le fief des Ouled Naîl, le tatouage avait ses règles dans l'art et la manière pour embellir une partie du visage ou les bras. Chez la femme, c'était tout simplement un maquillage scellé à vie sur une partie du corps. Sur le plan culturel il n'échappe pas à l'art profane. Il devint ainsi un signe de révolte contre la société dans laquelle vit l'individu. La marginalisation, la délinquance sont arrivés par à-coup transformer le tatouage en lecture de mutilation du corps avec signes attentatoires à la pudeur. A travers les âges, le tatouage a traversé tous les tabous pour s'imposer comme image féerique dans la campagne. Les tatoueurs sont même passés pour devenir guérisseurs en piquant la patiente afin de prévenir le goître parait-il. Le manque d'iode aidant dans l'arrière pays, la saignée pratiquée devenait ainsi maîtresse de vertus dans le tatouage. Au-delà de ces considérations thérapeutiques, le travail artistique du tatoueur fait foi d'une grande maîtrise dans le choix des motifs. L'attirail du tatoueur se résumait dans un éphémère outillage : Un aiguillon, l'huile de cade, de la cendre, et un aseptisant. Cette petite chirurgie «plastique», avait dans le passé drainé des foules entières chez le tatoueur, lui le maître de cérémonie on lui doit cette idylle, dont Chez Mustapha Ben Brahim le barde du Melhoun eut l'idée de créer l'une des plus belles proses à l'adresse de la mariée : «O ! Tatoueur, soit prudent avec elle, prend la peine de la piquer avec doigté pour la rendre encore plus belle… Cette petite sérénade vouée à cet événement nuptial nous transpose dans la romance du bon vieux temps. Dans les célébrations de mariage, la maquilleuse a pris le relais de la «Neguafa» ou tatoueuse, elle utilise aujourd'hui en signe de temps du henné pour en faire une belle fresque sur la peau de la mariée. Avec une nostalgie sans pareil, le tatouage est-quand-même-revenu sur scène avec les plus beaux motifs du Henné.