Résumé de la 1re partie n Tout s'est déroulé comme le docteur l'avait prévu. Dorothée a eu, sans trop souffrir, son premier enfant. Elle veut en donner à son mari 5… Cinq ! Bravo, chère madame, j'aurai encore du pain sur la planche. — Et nous verrons bien si vous arrivez encore à pronostiquer les dates d'arrivée des suivants avec autant de certitude que pour Hector. Ah ! docteur, je me sens bien et puis il faut que je vous dise : cette nuit, j'ai fait un rêve. J'ai rêvé que ma chère maman venait me rendre visite et qu'elle déposait un baiser sur mon front... Elle me disait : Bravo ma chérie. Je suis si heureuse que tout se soit bien passé. Dorothée Gerenoode ferme les yeux et se laisse retomber sur son oreiller. C'est pourquoi elle ne prête pas vraiment attention à ce que lui répond le médecin : — Mais ma chère enfant, ce n'était pas un rêve. Je n'ai jamais rencontré votre mère et j'ignorais même qu'elle fût chez vous en ce moment. Hier soir, dès que je vous ai administré la piqûre calmante, une dame est effectivement entrée dans la chambre et m'a demandé comment cela s'était passé. D'après son âge, ce devait être votre mère. Vous dormiez profondément et elle vous a embrassée sur le front en murmurant quelque chose que je n'ai pas saisi. Mme Vérand est entrée sur ces entrefaites. Elle entend ce que dit le docteur Cassinave et proteste hautement : — Qu'est-ce que c'est que cette histoire, docteur ? Vous devriez savoir qu'il n'y a personne dans la maison à part M. et Mme Gerenoode, vous, moi et Hector ! Dorothée Gerenoode ne comprend pas très bien de quoi le docteur et la sage-femme sont en train de parler. Elle a du sommeil à rattraper. Le lendemain, le docteur Cassinave revient pour prendre des nouvelles d'Hector et de sa maman. Norbert Gerenoode l'invite à venir fêter cette heureuse naissance en buvant un verre : — Venez, j'ai un cognac de 1925 dont vous me direz des nouvelles. Je me réservais de l'ouvrir pour la naissance de mon premier fils. Il est bien normal que vous soyez le premier à en goûter la saveur. En pénétrant dans le salon, le médecin remarque une photo dans un cadre argenté sur la commode et demande : — Qui est cette personne ? — C'est ma belle-mère. Enfin, je devrais dire : c'était ma belle-mère ! Une femme adorable mais qui a été tuée il y a dix ans dans un accident de chemin de fer. Le docteur examine la photo en noir et blanc. La femme porte un tailleur en tweed. Une tenue de sport élégante et campagnarde. — Est-ce que votre belle-mère était rousse ? — Absolument, elle possédait des cheveux magnifiques, d'un blond vénitien qui lui venait de ses origines italiennes. — Votre belle-mère ? Est-ce qu'elle boitait un peu ? — Oui, et souvent elle s'appuyait sur une canne. Sauf en présence d'un étranger. Mais pourquoi ces questions. Est-ce que vous auriez connu ma belle- mère ? Cela me semble improbable : elle n'est jamais venue chez nous depuis que nous sommes installés ici. Le docteur Cassinave vide son verre d'un seul trait. Il hésite un peu et dit : — Alors, j'ai dû la rencontrer... ailleurs. Deux ans plus tard, Dorothée Gerenoode et le docteur Cassinave découvrent ensemble la nouvelle naissance à venir : — Alors, docteur, je compte sur vous pour me prédire la date exacte de l'événement. Et mon pari tient toujours! (à suivre...)