InfoSoir : Tout le monde prononce la même phrase en Algérie : « Quel gazon !»… El-Hadi Touargit : Actuellement, nous sommes en train d'utiliser une espèce endémique, c'est ce qu'on appelle dans le jargon spécialisé : le cynodon dactylon. Ce n'est pas un vrai gazon. Ce sont des stolons. Mais pour parler de l'état du gazon, il faudra parler aussi du problème d'entretien. Seulement dans ce cas précis, on ne peut pas incriminer les personnes du moment que l'opération d'entretien coûte très cher. Après évaluation, nous nous sommes en effet rendus à l'évidence que l'entretien d'un stade revient à hauteur de 6 millions de dinars par an. En tant qu'EPIC, on se débrouille plus ou moins, mais on ne peut pas atteindre cette somme-là. La plupart des stades de wilayas et des Opow ne peuvent pas se procurer cette somme, sachant pertinemment que ces structures sportives fonctionnent selon les budgets alloués, qui, du reste, servent uniquement à couvrir les salaires des travailleurs et les frais d'entretien. Si on doit comparer avec ce qui se fait en Europe, on trouve que le moyenne annuelle des tickets d'accès au stade c'est 50 euros, chez nous c'est 200 DA. Vous voyez un peu la différence de la rente. Y a-t-il d'autres inconvénients ? Le deuxième grief à soulever est le manque de formation dans le domaine de l'entretien des espaces verts et la création de gazonnières qu'on ne peut pas prendre en charge. Il faut reconnaître que la maintenance des terrains gazonnés nécessite aussi une technicité avérée comme l'aération du sol, le sablage, les réparations des tacles. Il y a aussi des amendements à faire ainsi que l'utilisation de produits chimiques qu'on opère périodiquement et selon les saisons. On parle aussi de surexploitation des terrains gazonnés… Effectivement, l'autre gros problème réside dans le manque des terrains en Algérie et donc par extension, la surutilisation des terrains existants. Il ne faut pas perdre de vue que le gazon naturel est un être vivant. Il demande à être régénéré et prendre tout le temps qui lui faut. On ne peut utiliser les terrains indéfiniment et se demander par la suite pourquoi ce même terrain est en mauvais état. Donc par manque de terrains, on a tendance à surexploiter les terrains. Y a-t-il des normes standard dans ce sens ? Selon les normes FIFA, il y a un tableau d'utilisation des terrains selon les saisons et selon les conditions climatiques, car même un végétal a un cycle de dormance. En hiver par exemple, en deçà de 20 degrés, c'est la dormance et en été à partir de 27 degrés, c'est-à-dire pendant la période des grandes chaleurs, c'est toujours la dormance. Peut-on aller jusqu'à incriminer l'utilisation des variétés de graminées ? Les variétés qu'on utilise ici ne sont pas de mauvaise qualité. En Italie, on fait pratiquement la même chose, avec les stolons, mais on fait aussi des regarnissages avec le ray gras pendant la période hivernale. Ce que nous utilisons actuellement en Algérie, c'est-à-dire les variétés à stolon ont un cycle de vie bien particulier. Arrivée l'hiver, cette espèce entre en dormance. Elle ne reprend qu'au mois de mars. C'est dire que ce n'est pas une espèce très adaptée aux pays chauds. Il y a aussi le problème des sols mal drainés, les correction des sols, l'existence des terrains argileux qui posent un problème de macroporosité et microporosité. La microporosité c'est l'aération des racines alors que le problème de la macroporosité c'est la capacité d'absorption d'eau. Il faut aussi corriger la texture du sol pour éviter le problèmes des flaques, de la gadoue. Et le climat dans tout cela ? Le climat joue aussi un rôle prépondérant. Ce qu'on est en train de préconiser maintenant, ce sont les microthermes, comme le ray gras anglais. Mais il y a d'autres espèces comme la fétuque qui est une espèce qui résiste très bien au climat des pays chauds. * Chef de service entretien espaces verts et pelouses sportives.