Manque n Le constat a été fait par l'Ordre national des pharmaciens : les universités algériennes ne forment pas des diplômés en pharmacie industrielle. Sur les 10 départements de pharmacie qui existent sur tout le territoire national, aucune (faculté) n'assure une formation dans cette spécialité. Même celle de médecine d'Alger, la plus ancienne en Afrique (elle remonte au XIXe siècle), a exclu cette formation. Pourtant, ce ne sont pas les besoins qui manquent en la matière. Selon la réglementation en vigueur dans le secteur de la santé, pour pouvoir monter une unité de production de médicament, l'initiateur du projet doit avoir une qualification dans la pharmacie industrielle. L'enjeu est important : aider à promouvoir l'industrie pharmaceutique nationale. La question qui se pose : pourquoi l'Algérie ne forme-t-elle pas des pharmaciens industriels ? Autrement dit : quelle importance accorde-t-on au développement de la production nationale ? Le président de l'Ordre national des pharmaciens ne se fait pas d'illusions : «la filière a été initiée une fois, mais elle a été suspendue une année après, sans qu'on puisse savoir pourquoi. Il y a des personnes qui ne veulent pas qu'on forme des pharmaciens industriels.» Ces personnes, argue-t-il, auraient peur de perdre le monopole en restant les seules diplômés sur le terrain. La relation entre l'importation des médicaments et la suppression de cette formation est aussi évoquée. Ce constat a été réitéré à l'occasion d'un colloque international organisé à la fin du mois d'octobre à Alger par l'union nationale des opérateurs de pharmacie (Unop). Dans sa déclaration d'ouverture des travaux du colloque, Ammar Ziad, a dit : «L'Algérie accuse un retard considérable dans le domaine de la formation de cadres, et encore plus dans la formation des cadres spécifiques à l'industrie pharmaceutique. C'est certainement un point fondamental qui requiert toute l'attention, le développement de l'industrie pharmaceutique étant actuellement, aussi un problème de ressources humaines qualifiées.» Et d'ajouter : «A ce jour, il n'existe pas de chaire de pharmacie industrielle, ni de centre de formation pour les techniciens afin d'assurer le bon fonctionnement des unités pharmaceutiques. Parallèlement, l'université produit chaque année des centaines de pharmaciens généralistes sans débouché.» Le paradoxe a été relevé par l'Ordre national des pharmaciens : «Le nombre de pharmaciens dirigeants d'entreprise dans la distribution et l'industrie pharmaceutique est paradoxalement moins important qu'il ne l'était à l'époque du monopole d'Etat.» A ce sujet, l'Ordre recommande de déployer «un énorme effort dans la formation universitaire initiale par le renforcement des moyens pédagogiques et matériels, l'introduction de nouvelles disciplines (pharmacie clinique, sémiologie, etc.) et de nouvelles filières de spécialisation (pharmacie industrielle …).»