Constat n Le président de l'Ordre a dressé un constat amer de la profession depuis la formation universitaire des pharmaciens jusqu'à l'importation des médicaments. Le président de l'Ordre des pharmaciens a appelé, hier, les pouvoirs publics à promulguer le nouveau code de la santé dont la mouture est fin prête depuis quelques années. «Il faut qu'elle soit promulguée», insiste Lotfi Benbahmed qui s'exprimait lors d'une conférence-débat organisée, hier, au forum du quotidien public El Moudjahid. Le secteur de la santé, qui s'est libéralisé depuis au moins l'année 2005 (accords d'association de l'Algérie avec l'Union européenne) continue à être régi par une loi de type socialiste. Médecins et pharmaciens exercent toujours leurs professions respectives dans le cadre de la loi 85-05 du 16 février 1985 portant protection et promotion de la santé. «La profession du pharmacien est juridiquement encadrée par des décrets exécutifs qui s'annulent les uns les autres et qui contredisent parfois les dispositions de la loi de 1985. Tous les deux ans pratiquement nous avons un nouveau décret exécutif», relève M. Benbahmed. L'Ordre national des pharmaciens compte sur la promulgation de la nouvelle loi afin de pouvoir assumer ses missions. Les priorités des représentants des pharmaciens, affirme-t-il, sont la lutte contre l'exercice illégal dans l'importation, la distribution et la commercialisation des médicaments. Le même Ordre se donne comme deuxième priorité la lutte contre ce que le conférencier appelle «la déprofessionnalisation» du métier. Dans ce sens, M. Benbahmed a fait un constat effarant de cette activité. Il était question d'installation anarchique des pharmacies d'officine «en violation flagrante de la loi par les Directions de la santé et de la population (DSP)». Il existe actuellement en Algérie quelque 7 000 pharmaciens d'officines inégalement répartis sur le territoire national. «La norme mondiale est de 1 pharmacien pour 5 000 habitants. A Kouba (Alger), nous avons une pharmacie pour 900 habitants», révèle l'intervenant. Ce dernier a mis aussi en cause la logique suivie dans l'importation des médicaments. «Nous avons 113 opérateurs qui importent une même molécule», indique-t-il. Le système d'importation joue, selon M. Benbahmed, en défaveur de la production nationale qui fonctionne actuellement à près de 30% de ses capacités. S'agissant de la distribution, le président de l'Ordre a dit qu'«elle est passée à des aventuriers». Selon lui, on dénombre 400 opérateurs en Algérie, contre 30 au Maroc, 47 en Tunisie et 3 en France. Concernant la formation, l'Algérie forme des pharmaciens diplômés dans dix universités (une université au Maroc). «Ce n'est pas forcément mauvais, mais cette ouverture inconsidérée des départements de pharmacies a entraîné une baisse dans la qualité de l'enseignement», avance-t-il. Le plus aberrant, relève-t-il, c'est l'inexistence de la filière de la pharmacie industrielle : «Elle a été initiée une fois, mais elle a été suspendue une année après sans qu'on puisse savoir pourquoi. Il y a des personnes qui ne veulent pas qu'on forme des pharmaciens industriels.»