Le football algérien poursuit sa descente aux enfers sans que personne réagisse. Le silence complaisant et outrageant des instances du football national à la suite des déclarations fracassantes et tendancieuses, empreintes d'accusations graves et de relents régionalistes, portées par les présidents Abdelhakim Serrar (ES Sétif) relayé par Aïssa Menadi (USM Annaba) à l'encontre de la JS Kabylie et de son président Moh-Chérif Hannachi, est plus qu'inquiétant. Complaisant. Sous d'autres cieux, ce genre de déclarations aurait coûté à leurs auteurs des rappels à l'ordre sévères, voire des sanctions compte tenu de ce qu'elles contiennent comme germes de violence et de fitna au sein d'une jeunesse prise en otage entre des dirigeants irresponsables de leurs actes et de leurs paroles et d'une certaine presse coupable de mise à feu. Comme si la mort à la fleur de l'âge du jeune Melaïka Djillali, étudiant et supporter de l'USM Blida à ses temps perdus à la sortie du match MCA- USMB, n'a pas suffi aux pyromanes du football algérien de faire embraser un milieu déjà souffrant d'affaires scabreuses qui sent le pourri. Que fait la commission de l'éthique de la FAF devant cet escalade verbale aux conséquences très risquées ? Ce ne sont pas les réunions «bidon» de la Ligue nationale de football (LNF) – auxquelles la moitié des présidents ne vient pas – ou des communiqués laconiques qui vont régler le problème de la violence sous toutes ses formes, à commencer par celle pratiquée par les dirigeants en premier. Le ministère de la Jeunesse et des Sports est en droit d'intervenir et de rappeler au respect des règles élémentaires de bienséance et de fair-play, surtout dans un contexte aussi délicat et fragile qu'est la société algérienne, et en particulier sa frange de jeunes. En Italie, la mort d'un supporter, il y a quelques mois, a suscité l'émoi de toute la société et l'arrêt du championnat, pourtant parmi les premiers en Europe et qui n'a rien à voir avec celui en carton chez nous. C'est vrai que la mort d'homme n'a pas le même prix selon là où l'on se trouve. Et c'est là la différence, malheureusement.