Silence Depuis quelques jours, la scène footballistique nationale s?est embrasée avec l?affaire du MC Oran et les incidents très graves de Djelfa et d?El-Bayadh. Le silence du palais de Dely Ibrahim devient plus qu?inquiétant. Au Stade de France, lors du fameux et triste France-Algérie d?il y a deux ans et lorsque les premiers «imbéciles» avaient commencé à pénétrer sur le terrain, le premier réflexe du président de la Fédération française de football, M. Claude Simonet, relayé par la ministre de la Jeunesse et des Sports de l?époque, Mme Marie-Georges Buffet, était de prendre le micro et de s?adresser à la foule d?inconscients pour essayer de les rappeler à l?ordre et respecter cet événement plus que sportif. Evidemment, la partie s?est arrêtée et les paroles de Simonet et de Buffet n?avaient pas suffi pour arrêter le désordre. Mais l?histoire retiendra que les premières institutions de la discipline n?avaient pas attendu une conférence de presse pour s?exprimer, mais ont très vite pris leur responsabilité pour réagir. Cette introduction, que certains trouveront peut-être présomptueuse, nous amène à se poser la question : où est le responsable de la haute instance footballistique suite aux derniers événements qui ont secoué le football national ? Ni déclaration, ni communiqué, ni condamnation, ni intervention, ni réunion du bureau fédéral en extrême urgence. Rien ! Seul le silence règne en maître inquiétant et des yeux qui observent impunément. Peut-être qu?il faut encore pire que ça pour que les instances réagissent. Oui, dans un pays où l?on attend l?extrême catastrophe pour se réveiller de la léthargie qui nous frappe. Dans l?affaire du MC Oran, qui continue d?éclabousser le football algérien et sa réputation ? qui n?est pas près de se refaire une virginité ?, l?opprobre est jeté sur Youcef Djebbari et Kacem Elimmam, les premiers instigateurs et animateurs de ce scandale, mais on ne parle pas de la responsabilité de l?Etat, ni de celle des milieux politiques et des affaires, pour ne pas dire mafieux, qui ont pris en otage le football depuis belle lurette. Sous quelle autorité et avec quelle facilitation Elimmam a-t-il organisé ses deux assemblées générales qui lui ont permis de reprendre le fauteuil de président, au moment où un parti politique, et pas n?importe lequel, était interdit de congrès extraordinaire ? N?a-t-on pas considéré, du côté de la fédération, la gravité et les conséquences que peut avoir cette affaire sur la vie des autres clubs ? Au CR Belouizdad, ce sont les prémices d?un autre coup d?Etat qui se prépare. Et le risque de contagion devient encore plus grand. Le président de la FAF, avec son poids et son autorité, avait toute latitude d?intervenir auprès des deux belligérants avant même que l?affaire ne fasse scandale et qu?elle aille en justice. De même que les responsables de ce gâchis doivent répondre de leurs actes devant la «justice» du football, au moment même où l?on nous parle de refondation de la discipline et d?une prise en charge de l?Etat pour son développement. Les textes qui devront régir dorénavant le sport-roi ne cessent de faire la tournée des ministères depuis plus d?une année, y compris dans certains départements qui n?ont rien à voir avec le sujet, alors que la violence ronge chaque jour un nouveau territoire de ce vaste pays. Ce qui s?est passé à El-Bayadh, avec la mort d?un petit garçon d?une balle d?un policier ; à Biskra avec les incidents de l?après-USB-CSC ou à Djelfa où les vieux démons ont brûlé, saccagé, blessé et mis en état de guerre deux villes et deux régions voisines, ne doit pas passer sous silence. A l?approche de l?élection présidentielle et avec toutes les haines, luttes intestines et claniques exacerbées, le football risque ? pour ne pas dire qu?il l?est déjà ? d?être un terreau fertile pour tous les dérapages irréparables. C?est pour cela que votre silence, Messieurs de la FAF, est plus qu?inquiétant. Il est à la limite outrageant. Car avant d?aller défendre les intérêts du football algérien au prochain congrès de la Fifa à Doha, le 20 octobre prochain (et nous vous en remercions), il est de votre devoir de défendre ce football de ses propres ennemis, ici, et de sa propre mort.