Tensions n Le Président Kibaki et son rival Odinga ont lancé un appel à la paix à l'ouverture de pourparlers officiels. La police a reçu l'ordre de tirer pour tuer tous les fauteurs de troubles dans le pays. Après plusieurs jours de troubles meurtriers, les rues de Naivasha à l'ouest du Kenya où l'armée patrouillait ce mercredi matin, un calme très précaire régnait. Aucun barrage, aucun homme armé de machettes, de bâtons ou de barres de fer n'étaient visibles, contrairement à hier, mardi, avant l'intervention musclée de l'armée qui a ouvert le feu pour disperser les fauteurs de troubles. En revanche, des échoppes ont été brûlées ce matin dans le centre de Naivasha. Des militaires, armés de fusils d'assaut et de fouets, ont arrêté une personne soupçonnée d'y avoir mis le feu. Près du commissariat de police où sont réfugiées environ 8 000 personnes, la tension était très vive. Des centaines de déplacés se sont précipités dans l'enceinte du commissariat par crainte d'une attaque. Ainsi, pour tenter d'endiguer les violences dans le pays, la police kenyane a reçu l'ordre de «tirer pour tuer» les pillards, les incendiaires et les personnes portant des armes ou bloquant les routes. «Il y a quatre catégories de personnes qui feront face à une action dure de la police : celles qui pillent, brûlent des maisons, portent des armes, bloquent les routes», a déclaré un officier de police sous le couvert de l'anonymat. «Nous avons reçu l'ordre de tirer pour tuer ces catégories de personnes si elles sont prises en flagrant délit», a-t-il ajouté. Selon cet officier, l'ordre a été donné peu après l'ouverture formelle, d'hier, mardi, de pourparlers entre le Président réélu Mwai Kibaki et son rival Raila Odinga, en présence du médiateur, l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Ce dernier, qui tente depuis une semaine de trouver une issue à la crise au nom de l'Union africaine, a estimé possible de résoudre les problèmes fondamentaux de la crise kenyane «d'ici à un an à l'ouverture de ces travaux à Nairobi».Lors de cette rencontre, Kibaki et Odinga ont lancé un nouvel appel à la paix, mettant en avant des priorités différentes : la nécessité de trancher le litige électoral pour Odinga, celle de restaurer la sécurité sur le terrain pour Kibaki. «Je suis profondément attristé de voir les Kenyans s'affronter violemment les uns les autres sur des sujets qui peuvent être discutés et résolus pacifiquement par le dialogue», a affirmé Kibaki. De son côté, Raila Odinga a affirmé que «le plus urgent était de régler les résultats profondément imparfaits de l'élection présidentielle» et il a de nouveau réclamé la levée de l'interdiction des manifestations, en vigueur depuis fin décembre.