Complicités n Les pharmaciens d'officine continuent à essuyer les critiques des services de sécurité, notamment pour l'implication de quelques «professionnels» dans le trafic des psychotropes. Des pharmaciens d'officine ont été clairement désignés du doigt par la police dans le cadre de la prolifération du trafic des psychotropes. Selon le commissaire divisionnaire Boualem Belacel, dans plusieurs affaires traitées, des pharmaciens se trouvent impliqués, parfois avec la complicité de médecins en exercice, au mépris de la déontologie médicale et l'éthique de la profession de pharmacien. Une partie des apothicaires approvisionnent leurs clients en produits stupéfiants sans ordonnances, ce qui est considéré comme une activité illégale. Le phénomène existe et il est reconnu même par l'Ordre national des pharmaciens, dont l'une des priorités est la lutte contre l'exercice illégal dans l'importation, la distribution et la commercialisation des médicaments. Selon le président de l'Ordre, Lotfi Benbahmed qui est intervenu lors d'une conférence de presse organisée le 15 décembre 2007 au centre de presse du quotidien El-Moudjahid, cette situation est le résultat de la tentative de faire de la profession de pharmacien un simple commerce. La «déprofessionnalisation» du métier est encouragée par l'installation anarchique des pharmaciens d'officine «en violation flagrante de la loi par les Directions de la Santé et de la Population (DSP)». En Algérie, il existe actuellement, selon l'Ordre, quelque 7 000 pharmacies d'officine inégalement réparties sur le territoire national. A Kouba (Alger), par exemple, il a été recensé une pharmacie pour 900 habitants au moment où la norme mondiale est de 1 officine pour 5 000 habitants. Cette dense couverture fait perdre aux établissements leur compétitivité et leur rentabilité. En parallèle, des quantités considérables de psychotropes sont emportées sans qu'on sache vraiment pour quel usage médical et suivant quel besoin, a déclaré M. Benbahmed. C'est finalement pour rentabiliser leur activité que les apothicaires se lancent dans le trafic de psychotropes. Le bilan de la police pour l'année 2007 enregistre quand même une baisse dans le nombre des affaires traitées dans le cadre du commerce et consommation des stupéfiants. 3 192 affaires ont été enregistrées l'année dernière (contre 4 192 en 2006) ayant conduit à l'interpellation de 3 762 personnes (4 500 une année avant). S'agissant des quantités de produits stupéfiants saisis, il a été noté 2 313 comprimés de psychotropes, 635 kg de cannabis et 181 g d'héroïne. La plus importante saisie opérée en 2007 concerne la cocaïne avec 23 kg. En 2006, la police a récupéré 1,1 g de cocaïne. Sur les 23 kg saisis dans trois affaires, 19 kg ont été trouvés chez une seule personne. D'après la police, c'est la première fois depuis l'indépendance qu'une telle saisie est effectuée.