Indice n Si les statistiques avancées par les services de sécurité et les centres de recherche ne reflètent pas la situation réelle, elles renseignent sur l'ampleur que ne cesse de prendre la violence contre la gent féminine. La violence à l'égard des femmes s'installe d'une manière inquiétante dans notre société. Les chiffres avancés par les services de sécurité, les associations de protection de la femme et les centres de recherches spécialisés renseignent sur l'ampleur que ne cesse de prendre ce «fléau». La femme algérienne fait face à différents types de sévices aussi bien au sein de la famille que dans le milieu extérieur (lieu de travail, d'études ou dans les lieux publics). Selon la commissaire principale chargée de la brigade de la protection des femmes et des mineurs au sein de la direction de la police judiciaire (PJ), Mme Kheïra Messaoudène, 8 277 femmes, victimes d'agression, ont déposé plainte au niveau des différents commissariats. «Lorsqu'on avance ce nombre de victimes, cela ne veut aucunement dire que seules 8 277 femmes ont été réellement victimes de violences sur l'ensemble du territoire national, sachant que dans la plupart des cas, les femmes ne se plaignent pas. Elles préfèrent se taire afin de protéger leur foyer conjugal, conformément aux traditions ancrées dans notamment les milieux ruraux», a précisé la commissaire, invitée hier du forum d'El Moudjahid en compagnie de juristes et d'autres spécialistes pour débattre de la question de la violence conjugale et contre les mineurs. La majeure partie des cas de violence enregistrés consiste en des violences physiques (coups et blessures), suivies de maltraitance et d'assassinat. «Nous avons recensé 5 316 cas de violence physique, 2 511 cas de maltraitance, 256 cas de violence sexuelle et une vingtaine d'assassinats», a précisé Mme Messaoudène. La progression de la violence dans les foyers algériens devient de plus en plus inquiétante. Selon une enquête réalisée par la Fondation nationale pour la promotion de la recherche médicale (Forem), 49,7% des cas enregistrés sont des agressions verbales et psychologiques qui n'en sont pas moins traumatisantes et avilissantes, même si elles ne laissent pas de traces physiques. Dans ce cas de figure, la plainte de la victime ne peut aboutir d'autant que l'agresseur est généralement inconnu. La dégradation de l'échelle des valeurs est aujourd'hui une réalité dans la société algérienne. Dans la rue, dans les transports publics ou autres, la gent féminine subit, sans raison aucune, des propos injurieux sans qu'elle puisse réagir. La femme est, par ailleurs, agressée soit par son époux, son père et même… ses propres enfants. «Nous devons renforcer le travail de sensibilisation afin de prévenir nos familles contre les conséquences de cette mutation dangereuse que connaît notre société», a souligné, pour sa part, M. Mekki, membre de la forem.