Plus qu'une marche, celle des demi-finales qui se dérouleront ce soir, et on sera en finale, l'ultime acte d'une CAN-2008 qui a fasciné tous les observateurs du monde entier par la qualité de son niveau, l'avalanche de buts et la fraîcheur apportée par tous ces footballeurs africains venus s'exposer et s'exprimer sur les terrains ghanéens. Après un premier tour ouvert et prolifique en spectacle et en buts et des quarts inscrits dans le même sillage, c'est au tour du carré d'as d'animer les deux avant-derniers matchs (si on ne compte pas le match facultatif pour la troisième place) de ce tournoi où l'on retrouve l'Egypte, tenante du titre et seule nation arabe et du Nord de l'Afrique, représentante d'un football aux spécificités particulières, et trois nations de l'Afrique noire. Pourquoi l'Egypte et les autres, parce que Oum Dounia est la nation qui détient le plus grand nombre de titres continentaux (cinq), alors que le Cameroun et le Ghana sont à une longueur et voudraient bien égaler ce record. La Côte d'Ivoire, devenue la nouvelle puissance numéro un du continent, est un peu loin puisque les Eléphants ne comptent qu'un seul trophée à leur palmarès. L'Egypte est également la seule nation présente dans le dernier carré à avoir fait des choix nationaux, ce qui prouve l'assise solide qui supporte son football avec comme sélectionneur Hassan Shehata et dix-sept joueurs issus du championnat local et fournis notamment par quatre clubs : le Ahly, le Zamalek, Ismaïli et ENPPI. Au moment où les autres sélections débarquent en demi-finales avec trois entraîneurs étrangers (Le Roy pour le Ghana, Gilli pour la Côte d'Ivoire et Pfister pour le Cameroun) et une composante à écrasante professionnelle et surtout européenne. En effet, la Côte d'Ivoire (22 joueurs), le Cameroun (20) et le Ghana (18), ont fait le choix des pros pour faire la différence et imposer la tendance actuelle dans le continent. Même au niveau du jeu pratiqué par les quatre nations, l'Egypte se singularise par son collectif, son métier bien trempé et son système défensif s'apparentant au verrou Italien, au moment où les trois autres nations affichent de la puissance physique et de la gestuelle technique. Sur le plan tactique, c'est le grand progrès pour cette CAN, et ce, de l'avis de tous les spécialistes. Les forces en présence annoncent des débats de haute facture, pour ne pas dire épiques. Plus favorite que jamais, la Côte d'Ivoire, une machine impressionnante (quatre victoires pour autant de matchs et 13 buts déjà marqués pour un seul encaissé) avec ses stars de niveau mondial (Drogba, Kalou, Touré, ..), a une revanche à prendre sur l'expérimentée Egypte, dont sa nouvelle star Zidan, qui évolue à Hambourg, est incertain. Les Black Stars du Ghana s'appuieront encore une fois sur leur paire extraordinaire Essien-Muntari, le savoir-faire de leur sélectionneur et vieux routier Claude Le Roy déjà vainqueur de ce trophée africain et inévitablement l'appui de ce 12e homme qu'est le public très chaud, mais toujours fair-play, de l'Ohen-Djan Stadium d'Accra. En face d'eux, ils auront les Lions indomptables qu'on annonce à chaque fois vieillissants et moins fringants que par le passé, mais leur place en demi-finales est loin d'être usurpée grâce à leur métier et leur mental qui, sur un match, peuvent faire la différence et créer la sensation de cette CAN. Le Cameroun a reculé pour mieux rebondir, dit-on, et il vaut mieux s'en méfier. Comme il faut se méfier de ses pronostics qui donnent la Côte d'Ivoire et le Ghana en finale.