Constat Révolté, l?artiste peintre a tenu à décrire, dans ses ?uvres, la souffrance du peuple algérien. Le même journaliste soulignera dans un de ses articles : «Fromentin écrit non seulement correctement, mais il le fait, comme il peint, gentiment. Ses livres sont agréables à lire, mais n?apprennent rien.» Un jugement anachronique vis-à-vis du peintre. Et pourtant, il n?y avait pas que Fromentin à s?être montré indigné par la barbarie perpétrée en Algérie durant l?invasion coloniale. Adrien Berbrugger, qui fut président de l?Association historique en Algérie, reconnaît les dérapages commis par l?armée coloniale affirmant que pour réaliser l?esplanade de Bab El-Oued (Alger), le cimetière des Pachas a été enseveli sous des amas de terre et de décombres. D?autres sources estiment qu?il s?agissait, en fait, du cimetière des corsaires algériens dont les squelettes ont été transférés hors du pays pour une utilisation spécifique. M. Berbrugger, qui avait déploré dans un de ses écrits la profanation de sépultures commise par les siens dans un cimetière romain non loin d?Alger, a passé sous silence les actes de destruction et de violence relevés depuis l?arrivée de la colonisation en 1830, où non seulement les vivants, mais aussi les morts ont subi toutes sortes de vexations. L?auteur a rappelé, à ce propos, un passage de l?Histoire du Bas-Empire où il est dit : «Valentinien défendit les excès de certains fanatiques dans une loi du 13 mars de l?an 447 et, par une sévérité qui n?en était pas moins excessive, condamna les ecclésiastiques, reconnus coupables d?avoir détruit les tombeaux, à la proscription et au bannissement ; des personnes qualifiées à perdre la moitié de leurs biens et à être déclarées infâmes et d?autres à la mort.» Quoi qu?il en soit, le peuple algérien a gardé en mémoire les moments difficiles qu?il a endurés depuis l?invasion de ses terres, et ce, bien que bon nombre d?écrivains français et autres aient tenté de justifier les actes de barbarie et de vandalisme, sans pour autant arriver à convaincre leurs lecteurs. En abordant ce volet, il serait intéressant de savoir ce que sont devenus les bibliothèques et autres noyaux de culture qui existaient au moment de l?invasion française. Où sont les objets d?art et d?orfèvrerie qui faisaient la fierté des familles algériennes et que des voyageurs et des hommes de culture avaient contemplés lors de leurs fréquents passages, notamment à Tlemcen ? Cela démontre que les colonisateurs avaient toujours eu à l?esprit l?objectif de déculturer le peuple algérien, oubliant toutefois les gouals et les poètes qui ont toujours su maintenir le lien entre le passé et le présent. (à suivre...)