Expression n Chacun des artistes a construit un imaginaire et une esthétique, le tout teinté de symbolisme et ancré dans un réalisme manifeste. Des artistes peintres algériens se sont réunis, mardi, à la galerie Mohamed Racim en guise de solidarité avec la population de Gaza qui, depuis près de deux semaines, subit les attaques meurtrières menées par l'armée israélienne. Cette rencontre, qui s'est déroulée à l'initiative de l'Union nationale des arts culturels (UNAC), s'est voulue «un acte de protestation et de dénonciation», nous dira un responsable de l'UNAC. Cette manifestation a regroupé des artistes, hommes et femmes, tous venus d'Alger comme de l'intérieur du pays. Tous ces artistes ont exprimé leur indignation en peignant. «On est impuissant devant ce qui se passe à Gaza », nous dira une jeune artiste. Et d'ajouter : «Mais on s'engage, en tant qu'artistes, à réagir, par l'art, contre l'agression israélienne. Nos pinceaux sont nos seuls armes.» Ces artistes, pleins de bonne volonté, ont fait éclater leur colère et révolte sur la surface du tableau. Chacun des artistes, face à son tableau, a reproduit la réalité, des images que les médias du monde montrent et se relaient en boucle. En s'en inspirant ainsi, chacun des artistes a construit un imaginaire et une esthétique, le tout teinté de symbolisme et ancré dans un réalisme certes manifeste, mais transfiguré, puisque les couleurs, tantôt vives, tantôt sombres, en disent davantage, comme les personnages qui, représentés avec autant de force et de verdeur que de caractère et de naturel, illustrent manifestement la détresse et la souffrance du peuple palestinien. On y voit des corps torturés et difformes, des visages tordus et déchirés, et des regards troublés, interdits et pleins d'effroi, ainsi que des bouches grandes ouvertes, hurlant de terreur et de souffrance devant les scènes d'horreur vécues au quotidien par les civils palestiniens. On y voit également des corps enveloppés dans des linceuls que des mains portent et transportent vers leur ultime demeure. Ce sont des morts, et il y a parmi ces morts des enfants. On y voit aussi un pigeon blanc représentant la paix, à l'aile brisée, blessée… Autant de représentations poignantes que démonstratives marquent chacun des tableaux peints avec une réelle force créative. Les couleurs utilisées sont, pour la plupart, vives comme le rouge qui, lui, est symbolique, puisqu'il représente le sang, et sombre afin d'incarner au mieux la tristesse et la détresse des Palestiniens. L'originalité de ces peintures, est qu'elles ont été exécutées au moment où les artistes, motivés, voire aiguillés par une inspiration précise et directe ont donné libre cours à leur sensibilité. Ces peintures suggestives, pleines de fraîcheur, de franchise et de vie, sont en effet chargées de sensibilité et aussi de compassion.