Résumé de la 1re partie n L'envie de prendre l'air a sauvé l'inspecteur Swenberg d'une mort certaine. Il craint d'avoir hérité de sa grand-mère un don de… sorcier. Après une nuit agitée, Johann Swenberg se retrouve dans les restes du bureau central de la police viennoise. Il lui faut maintenant se reloger dans un autre local, reconstituer les dossiers perdus ou endommagés concernant les affaires dont il s'occupait. Le temps passe et la routine reprend ses droits. L'année suivante, une nouvelle affaire vient atterrir sur le bureau de l'inspecteur Swenberg. Son chef de service, l'inspecteur principal Dietmar Parkula, annonce : — Voici l'affaire de la disparition de la baronne von Grefeltch. C'est une histoire mystérieuse sur laquelle on n'avance pas d'un pouce ! Personnellement, je suis persuadé qu'il s'agit d'un meurtre, mais nous n'avons pas le moindre indice. — Et si l'on faisait appel à la presse ? — Oui ? Et qu'est-ce que cela pourrait nous apporter ? — Nous pourrions publier les photos de la propriété de la baronne. Avec un plan de la maison. — Du château, vous voulez dire ? — Oui, du château. C'est un domaine qui se nomme «Le Grand Cerf gris», n'est-ce pas ? Qui sait si cela ne pourrait pas évoquer quelque chose dans l'esprit d'un des lecteurs du Wiener Zeitung ? Une semaine plus tard, le Wiener Zeitung publie donc un reportage intitulé : «Où est la baronne ?» Suivent un long article qui résume l'affaire, et une interview de l'inspecteur principal Parkula. L'article se termine par cette question : «Savez-vous où se trouve la baronne ?» Un courrier très volumineux parvient au Wiener Zeitung et est aussitôt transmis à Johann Swenberg. Deux policiers sont chargés de lire chaque lettre, de faire une petite note qui en résume la teneur, et de classer la correspondance en trois piles différentes, l'une intitulée «A vérifier», une autre «Hypothèses diverses» et une dernière, la plus épaisse, étiquetée «Farfelus». Bizarrement, c'est par la pile des «Farfelus» que l'inspecteur Swenberg décide de commencer ses lectures. Ses deux adjoints ont bien fait leur travail, toutes ces lettres ne parlent que de pistes «magiques», «sataniques», «féeriques» ou encore «alchimiques». Johann Swenberg les rassemble vite pour les remettre en place. A cet instant, il remarque une lettre écrite sur du papier mauve. Il a beau faire, cette feuille ne semble pas vouloir rentrer dans la pile. Elle persiste à rester un peu de travers. Elle dépasse toujours du paquet, une fois à droite, une fois en haut, une fois en bas. C'est comme si une force mystérieuse s'arc-boutait pour l'empêcher de disparaître dans la masse des autres lettres. — Alors, qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne veux pas rester dans le tas ? Tu as quelque chose de spécial ? On va bien voir ça. Johann Swenberg arrache la lettre mauve du tas dans lequel elle refuse à tout prix de se perdre. Un petit papillon attaché par un trombone indique : «Rêve de femme de chambre. Délirant !» Johann Swenberg ne peut se défendre, malgré tout, d'une certaine fascination. La couleur du papier est délicate et l'écriture est élégante. Un peu scolaire. Il lit : «Messieurs, ayant eu entre les mains l'article du Wiener Zeitung concernant la mystérieuse disparition de la baronne von Grefeltch, je crois de mon devoir de vous informer d'un fait pour le moins étrange. En voyant les photographies du domaine de la baronne, j'ai reconnu un endroit que je connais bien. Pourtant, je n'y suis jamais allée, physiquement parlant. Mais, depuis trois mois, j'ai l'habitude de me rendre dans cette propriété... en rêve. Sur la photographie principale, vous pouvez apercevoir un petit pavillon de chasse. Tout à côté de ce pavillon, il y a un cèdre. Or, je peux vous affirmer qu'en traçant une ligne qui va de la fenêtre du pavillon au tronc du cèdre, exactement à mi-distance, il y a un cadavre enseveli. J'espère que vous voudrez bien tenir compte de cette modeste information. Après tout, la vérification ne devrait pas être trop compliquée. Je suis certaine de ce que j'affirme.» (à suivre...)