Résumé de la 60e partie n Alvirah ne veut tenter aucun risque qui peut mettre la vie de son mari en danger. Elle fera tout pour le revoir vivant et auprès d'elle... Il y avait un incroyable bric-à-brac là-dedans. Il somnola par intermittence, rêva que son cou était pris dans la paroi du mont Rushmore, directement sous la tête du Président Roosevelt. Les banques n'ouvraient qu'à neuf heures. A huit heures et demie, Alvirah, prise d'une énergie frénétique, avait fait le ménage dans l'appartement déjà parfaitement nettoyé. Ses relevés bancaires se trouvaient dans son gros sac à bandoulière. Elle avait exhumé de la penderie un vieux sac banane en plastique, le seul vestige dans l'appartement de Central Park South du temps où Willy et elle passaient leurs vacances à parcourir les Catskills en autocar. La matinée était fraîche et Alvirah portait un tailleur vert clair qu'elle avait acheté à une époque où elle suivait l'un de ses innombrables régimes. La ceinture de la jupe ne fermait pas, mais une grande épingle résolut le problème. Machinalement elle fixa à son revers sa broche soleil munie du micro dissimulé. Il était encore trop tôt pour partir. S'ef-forçant de garder le moral et de se persuader que tout s'arrangerait une fois l'argent versé, Alvirah remit de l'eau à chauffer et alluma la radio pour écouter les informations sur CBS. Pour une fois les nouvelles étaient anodines. Pas de procès de dirigeant de la Mafia. Pas de crime passionnel. Pas d'arrestation pour délit d'initié. Elle but son thé à petites gorgées et s'apprêtait à éteindre la radio quand le présentateur annonça qu'à partir de ce jour, les New-Yorkais pourraient utiliser un système qui enregistrait les numéros des appels téléphoniques reçus dans la zone de code 212. Il ne fallut pas une minute à Alvirah pour comprendre ce que cela signifiait. Elle se leva d'un bond et se rua vers le placard qui servait de débarras. Parmi les gadgets électroniques qu'elle et Willy se plaisaient à rapporter de chez Hammacher Schlemmer se trouvait le répondeur qui enregistrait les numéros des appels. lIs l'avaient acheté sans réaliser qu'il était alors inutilisable à New York. Dieu du ciel et Sainte Mère de Jésus, supplia-t-elle en déchirant le carton pour en sortir l'appareil qu'elle installa fébrilement à la place du répondeur de sa chambre à coucher. Pourvu qu'ils détiennent Willy à New York. Faites qu'ils appellent de l'endroit où ils le cachent... Elle eut la présence d'esprit d'enregistrer un message. «Vous êtes chez Alvirah et Willy Meehan. Après le bip sonore, parIez. Nous vous rappellerons dès que possible.» Elle repassa l'enregistrement, l'écouta. Sa voix semblait différente, inquiète, tendue. Elle se souvint qu'elle avait remporté un prix d'art dramatique en classe de septième à l'école Saint-François-Xavier dans le Bronx. Joue la comédie, s'enjoignit-elle. Elle prit une profonde inspiration et recommença : «Bonjour. Vous êtes chez...» C'est déjà mieux, approuva-t-elle en écoutant la nouvelle version. Puis, saisissant fermement son sac, Alvirah se dirigea vers la Chase Manhattan pour commencer à rassembler la rançon de Willy. (à suivre...)