Phénomène n L'irrigation des cultures avec les eaux usées a pris une grande ampleur dans la wilaya, provoquant un sérieux problème de santé publique et d'environnement. Des cas d'irrigation avec des eau usées ont été recensés dans la seule ville de Biskra, a indiqué M. Ghiloubi, directeur de l'unité d'assainissement, qui signale que certains agriculteurs «détruisent sciemment» les canalisations d'assainissement pour arroser leurs terres. Selon le même responsable, ces cultivateurs «ne se contentent pas d'endommager» les canalisations, mais y «placent à l'intérieur, des objets solides provoquant des fuites à des endroits plus hauts du réseau.» Le président de l'association locale de protection de l'environnement, le Dr Terraye, a estimé, de son côté, que ceux qui agissent ainsi commettent «un acte antisocial», avec tout ce qui en découle sur la santé publique et l'environnement. Ce phénomène, particulièrement répandu dans la ville, touche également d'autres régions, dont notamment Foughala, Amekhadma et Lioua. L'ampleur du phénomène dans la banlieue du chef-lieu de wilaya est telle que dans les oasis de Kedacha et Lemsid, l'eau rejetée par les ménages est utilisée au vu et au su de tout le monde pour l'irrigation de nombreuses surfaces de culture de légumes et d'épices. Les agriculteurs expliquent cette pratique par le «tarissement» de leurs forages suite à l'abaissement du niveau de l'eau et le besoin d'une ressource d'eau alternative pour assurer la continuité de leur activité agricole et arroser leurs champs qui, autrement, soutiennent-ils, se dessécheraient. Pour le directeur de wilaya de l'hydraulique, M. Selam, «rien ne peut justifier» le recours aux eaux usées dans l'agriculture. C'est un procédé «strictement interdit par la loi», a-t-il rappelé. Pour lutter contre ce phénomène, le wali a émis une instruction interdisant toute forme d'utilisation des eaux usées dans l'agriculture, assortie de sanctions contre les contrevenants, dont la destruction des récoltes et la saisie des installations d'irrigation, a signalé le directeur de l'hydraulique. Les paysans s'estimant lésés par le recul du niveau de l'eau peuvent, a-t-il ajouté, s'organiser en association et demander des autorisations collectives pour le fonçage de puits profonds afin d'irriguer leurs cultures. Un projet de construction d'une station de traitement des eaux usées vient d'être inscrit et sera mis en chantier dans les plus proches délais, a indiqué le même responsable.