Menace n L'économie nationale ne cesse de subir les effets «meurtriers» des différentes formes de phénomènes destructeurs tels que la contrebande, la contrefaçon et les détournements en série de l'argent public. «La délinquance économique est généralement l'œuvre de deux sortes de délinquants : les agents publics et les délinquants de profil. Les agents publics sont responsables de détournements de fonds, exonération illégale des taxes et des impôts, alors que les autres délinquants activent dans la contrebande, la fraude fiscale, le blanchiment d'argent et le commerce informel», a expliqué, d'emblée, le commissaire principal de police, Abdelkader Mostefaoui, hier, lors du forum d'El Moudjahid consacré aux atteintes à l'économie nationale. Pour l'année 2007, les services spécialisés de la Dgsn ont traité pas moins de 3 000 affaires de crimes économiques, a-t-il affirmé, ajoutant que plus de trois milliards de dinars ont été détournés durant la même période. La contrefaçon enregistre une évolution inquiétante, menaçant ainsi les entreprises nationales et les produits fabriqués conformément aux normes. Les statistiques des services des douanes confirment cette situation et interpellent les autorités publiques à fournir davantage d'efforts pour protéger l'appareil productif. Fadhéla Ghodhbane, inspectrice divisionnaire de douane, a souligné, dans ce sens, que le nombre des objets contrefaits saisis est passé de 44 000 articles en 2003 à plus d'un million en 2007. «Nous avons recensé 44 000 articles saisis en 2004, passant à 298 000 en 2002, à 831 000 en 2006 pour dépasser le million en 2007. La contrefaçon représente un défi réel à nos services et constitue une réelle menace à l'économie nationale», a-t-elle ajouté. La contrebande constitue également l'une des principales infractions économiques et touche à différents objets notamment le cheptel, les carburants et les stupéfiants. Sur un total de 10 978 infractions douanière en 2007, la contrebande a représenté un taux de 29%, a expliqué, pour sa part, Abderrahmane Hamdi, commissaire divisionnaire de douane, rappelant que ce taux était de l'ordre de 25% en 2004 (sur 9 228 infractions), de 28% en 2006 (sur 11 645 infractions). En outre, les stupéfiants issus de la contrebande continuent de représenter un danger pour la société algérienne et les quantités saisies ne cessent de s'accroître. «En 2006, 3 067 kg de kif traité et 2 050 comprimés ont été saisis. Cette quantité est passée, en 2007, à 2 467 kg de kif traité et 39 066 comprimés. Et pour janvier et les deux premières semaines de février en cours, 990 kg de kif ont été saisis», a encore souligné M. Hamdi. Ce qui peut être fait l Evoquant les options envisagées pour renforcer la lutte contre les crimes économiques et financiers, les représentants des deux institutions ( douane et Dgsn) ont fait part de nombreux projets en cours d'élaboration. La Dgsn compte, selon M. Mostefaoui, doter les brigades locales de cellules spécialisées, lancer un programme de formation spécialisée pour ses agents et renforcer la communication avec les autres départements concernés (ministère du Commerce, les services des douanes ainsi que les établissements financiers et opérateurs économiques). La douane prévoit, selon Mme Ghodbane, de mettre en place une sous-direction de lutte contre la contrefaçon avec des structures locales, la redynamisation des brigades canines pour la lutte contre le trafic de drogue ainsi que l'acquisition, au cours de cette année, de trois hélicoptères afin de mieux surveiller les zones frontalières. Leur nombre devra atteindre une dizaine d'ici à 2010.