Résumé de la première partie Les trois frères, Matin, Soir et Minuit, vaillants guerriers, proposent au roi de partir à la recherche de ses trois filles. Il accepte. Les trois preux partent à l'aventure ; ils chevauchent un mois, deux mois, trois mois et s'engagent dans une vaste plaine désertique. La plaine aboutit sur une forêt sauvage que précède une chaumine ; ils frappent au carreau, pas de réponse ; ils entrent par la porte, personne dans le logis. ? Eh bien mes frères, arrêtons-nous ici un moment, reposons-nous. Ils se dévêtent, récitent leur prière et se couchent. Au petit jour, et quand ils se lèvent le lendemain matin, le cadet dit à Soir : ? Minuit et moi partons à la chasse et toi tu nous prépareras à manger. Soir accepte ; près de la chaumine, il y a une bergerie pleine de moutons ; il prend sans hésiter le plus gras, l'égorge, le vide et le met à rôtir. Sa besogne achevée, il s'allonge sur le banc. Soudain, ça cogne, ça tonne, la porte s'ouvre devant un bonhomme pas plus haut que trois pommes, la barbe d'une coudée et l'?il rageur ; il apostrophe Soir : ? Qui t'a permis de jouer au maître chez moi, de tuer mon mouton ? Le gars lui répond : ? Grandis un peu avant de parler, on ne te voit pas ! Attends que je te flanque une cuillerée de soupe et une miette de pain à la face ! Le petit bonhomme fulmine : ? Je suis petit, mais costaud ! Il empoigne un quignon de pain et se met à taper sur la tête de l'autre, il l'assomme à moitié et le jette sous le banc ; puis il dévore le rôti et disparaît dans la forêt. Soir a mis un pansement autour de sa tête et gémit de douleur. Ses frères reviennent et lui demandent : ? Qu'est-ce qui t'arrive ? ? Ah, mes frères ! j'avais allumé le four et la vapeur de charbon m'a donné la migraine, j'ai été malade tout le jour et n'ai rien pu cuisiner. Le lendemain, Matin et Soir s'en vont à la chasse, laissant Minuit à la maison pour préparer le dîner. Minuit fait du feu, choisit le plus beau mouton, l'égorge, le met au four ; sa besogne achevée, il s'allonge sur le banc. Soudain, ça cogne, ça tonne, le bonhomme haut comme trois pommes entre, la barbe d'une coudée et de battre, de rosser le malheureux; un peu plus et il l'assommait ! Il dévore le rôti et disparaît dans la forêt. Minuit a noué un mouchoir autour de sa tête et gémit de douleur. Ses frères reviennent : ? Qu'est-ce que tu as ?, demande Matin. ? La vapeur de charbon a failli m'asphyxier ! Ma tête éclate, je n'ai rien cuisiné. Le troisième jour, les deux frères aînés s'en vont à la chasse et Matin reste au logis ; il choisit le meilleur mouton, l'égorge, le vide et le met à rôtir. Sa besogne achevée, il s'allonge sur le banc. Soudain, ça cogne, ça tonne, le bonhomme haut comme trois pommes, la barbe d'une coudée, s'amène dans la cour, avec une meule de foin sur la tête et une grande bassine d'eau dans les mains ; il pose à terre la bassine, éparpille le foin et commence à compter les moutons. Voyant qu'il en manquait un de plus, il se fâche, se rue dans la chaumine, assaille Matin et le frappe violemment à la tête. Matin se lève d'un bond, saisit le bonhomme par sa longue barbe et de la tirailler, en répétant : ? Regardes-y à deux fois ! Le bonhomme le supplie : ? Pitié, preux tout-puissant ! Ne me donne pas la mort, fais-moi grâce ! (à suivre...)