Manque n Cette wilaya ne dispose pas de structures spécialisées pour s'occuper des malades mentaux qui se rendent responsables de violences contre eux-mêmes et contre les autres. La récente agression d'une jeune fille par un malade mental au Lac des Oiseaux a relancé le débat à El-Tarf sur la question de la prise en charge de ces handicapés qui présentent, selon le directeur de la santé, un réel danger. «Livrées à elles-mêmes et abandonnées par leurs propres parents, ces personnes qui ne jouissent pas de toutes leurs facultés mentales, représentent un réel danger pour leur propre sécurité et pour celle de la communauté», a-t-il expliqué. Le directeur de la santé souligne que ce problème est encore plus aigu dans la wilaya d'El-Tarf, du fait de l'inexistence de structure pour leur prise en charge. Ceux d'entre eux qui sont placés dans l'établissement spécialisé à Annaba sont «relâchés» sans être soumis à un suivi et à un contrôle médical, a déploré ce responsable. Pour lui, l'agression de la jeune fille et bien d'autres situations gravissimes, «incitent à la prise de mesures préventives pour éviter leur répétition». Le directeur de l'action sociale (DAS) a évalué, pour sa part, à 2 811 le nombre de malades mentaux dans cette wilaya, dont 2 210 handicapés à 100% et 601 traînant un handicap variant entre 80 et 90%. Le DAS a déploré, lui aussi, «l'absence de solidarité des parents envers leurs proches aliénés mentaux», en rappelant à cet égard que les handicapés mentaux à 100%, perçoivent une pension mensuelle de 4 000 DA, versée à leurs parents ou proches sur présentation d'une procuration ou d'un document justifiant le lien de parenté avec le malade. De leur côté, des parents de malades, tout en se «désolant» des actes graves des déficients mentaux, avouent leur «impuissance» à s'occuper de leurs proches, tant sur le plan médical que financier. Leur surveillance est un véritable casse-tête. Mère d'un malade mental, Mme H. K., déclare qu'elle est dans le «désarroi», à chaque fois qu'elle apprend que son fils est «remis en liberté» par le centre spécialisé de Annaba, pour se retrouver à errer dans les rues de la ville. Démunie matériellement et financièrement, elle estime que seule une prise en charge convenable dans une structure spécialisée pourrait remédier à la situation de son fils et résoudre par la même son problème. Lors d'un congrès ayant regroupé, en novembre dernier, à Alger, des psychiatres arabes, le Pr Kacha avait avancé en matière de structures spécialisées de prise en charge des malades mentaux en Algérie, le chiffre de 5 000 lits pour 500 psychiatres, soit un psychiatre pour 60 000 habitants. Selon des données fournies lors de ce congrès, les maladies mentales ne cessent d'augmenter en Algérie où l'on enregistre 150 000 cas de schizophrénie et, selon les recoupements hospitaliers, un Algérien sur dix souffre de traumatismes psychiatriques ou de dépression nerveuse.