Alléchants par les prix bas, ces produits contrefaits provenant essentiellement d'Asie sont un danger pour la santé publique. Le nombre insuffisant d'agents de contrôle risque de transformer l'Algérie en dépotoir. Evoquant les conséquences sur la santé, induites par l'usage des cosmétiques contrefaits, le président de la Société algérienne de la dermatologie le Pr Ismaïl Benkaïdali a indiqué qu'il s'agit des dermites d'irritation, des eczémas et surtout des dermatoses par photosensibilisation aggravées par le soleil et certains facteurs d'environnement, comme les parfums, les teintures capillaires, les shampooings, les déodorants et les produits antiride. «Certains produits contre l'acné sont vulgarisés et se vendent sans contrôle alors que nous disposons de spécialistes que les patients peuvent consulter et d'autres ne répondent pas à la composition figurant sur l'étiquetage», dénonce-t-il. Pour endiguer ce fléau, le professeur a proposé la création d'une institution de cosméto-vigilance pour lutter contre les produits cosmétiques contrefaits. «Les ministères du Commerce, de la Santé et des Finances et les associations des consommateurs ont un rôle à jouer en matière de lutte contre la fraude. Ces derniers doivent créer une institution de cosméto-vigilance à l'instar des pays d'Europe, en collaboration avec un laboratoire national de contrôle des cosmétiques», a-t-il signalé. Le professeur s'exprimait lors de la Journée d'étude sur les produits cosmétiques et d'hygiène corporelle et les produits toxiques, organisée, hier, lundi, par la direction du Commerce de la wilaya d'Alger.Lors de son allocution d'ouverture de cette journée, El-Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, avait indiqué que «sur 500 échantillons analysés (par des laboratoires) en 2007, 238 sont non conformes aux normes requises, ce qui représente un taux de 48% de produits contrefaits ou périmés».Face au nombre important des opérateurs économiques activant dans ce créneau, soit 1 200 importateurs, au niveau d'Alger, le manque flagrant d'agents de contrôle relevant du ministère du Commerce, ainsi que l'absence d'une direction spécialisée au niveau de la douane algérienne, et enfin le pouvoir d'achat des Algériens qui n'a fait que favoriser l'achat de ces produits proposés à bas prix constituent, aux dires de divers intervenants, les principaux facteurs ayant permis la poussée de telles pratiques. «Le nombre d'agents de contrôle est insuffisant, il ne dépasse pas les 180 agents pour 148 000 commerçants toutes activités confondues y compris celles relatives aux produits cosmétiques», a déploré le chef de service du contrôle et du contentieux au niveau de la direction du commerce à la wilaya d'Alger, Malek Kemmache. Lui emboîtant le pas, Fadéla Ghodbane, sous-directrice de la lutte contre la fraude au niveau de la douane, a fait savoir que cette institution a saisi pas moins de 900 000 produits en 2006 et plus de 1,6 million de produits non conformes dont les cosmétiques en 2007. «Ces produits proviennent généralement des pays asiatiques», précise-t-elle.