Résumé de la 65e partie n En échappant aux filatures, Alvirah mène en toute quiétude son enquête et essaie de décrocher un emploi de serveuse près de l'hôtel où son mari est séquestré… Une heure plus tard, il ne restait rien de l'élégante gagnante de la loterie. Un halo rouge vif encadrait un visage où resplendissait le fard dont elle abusait volontiers avant que la baronne Min ne lui eût appris que moins on en faisait, mieux ça valait. Son ancien rouge à lèvres se mariait parfaitement avec ses cheveux flamboyants. Ses yeux étaient cerclés d'une ombre violette. Un jean trop serré aux hanches, de grosses chaussettes et des tennis usagés, un sweat-shirt molletonné au dos imprimé des gratte-ciel de Manhattan complétèrent la transformation. Alvirah contempla le résultat final avec satisfaction. J'ai tout à fait la touche de quelqu'un qui chercherait du travail dans un hôtel minable, décréta-t-elle. A regret, elle laissa sa broche soleil dans un tiroir. Elle n'allait décidément pas avec le sweat-shirt, mais il lui restait la broche de rechange que Charley lui avait donnée au cas où elle en aurait besoin. En enfilant son vieux manteau passe-partout, elle pensa à mettre son argent et ses clés dans l'ample cabas vert et noir qu'elle emmenait toujours avec elle pour aller faire ses ménages. Quarante minutes plus tard, elle était à l'hôtel Lincoln's Arms. Le hall crasseux était occupé par un comptoir délabré placé devant une batterie de boîtes à lettres et par quatre chaises recouvertes de skaï noir qui avaient connu des jours meilleurs. La moquette marron constellée de taches était pleine de trous par où apparaissait l'ancien linoléum. Ce n'est pas quelqu'un pour le service d'étage qu'il leur faut, pensa Alvirah en s'approchant du comptoir, c'est une femme de ménage. Le concierge, le teint jaunâtre, l'œil chassieux, leva la tête vers elle. «Qu'est-ce que vous cherchez ? — Du travail. Je suis une bonne serveuse.» Une expression qui ressemblait davantage à du mépris qu'à un sourire étira les lèvres de l'homme. «Pas besoin d'être bonne, juste rapide. Quel âge vous avez ? — Cinquante ans, mentit Alvirah. — Et moi j'en ai douze. Rentrez chez vous. — J'ai besoin de travailler», insista Alvirah, le cœur battant. Elle sentait la présence de Willy. Elle aurait juré qu'il était caché quelque part dans cet hôtel. «Donnez-moi une chance. Je travaillerai bénévolement pendant trois ou quatre jours. Si je ne suis pas la meilleure employée que vous ayez jamais eue, disons que samedi, vous pourrez me renvoyer.» Le réceptionniste haussa les épaules. «De toute façon, qu'est-ce que j'ai à y perdre ? Soyez là demain à quatre heures pile. C'est comment votre nom, déjà ? — Tessie, répondit Alvirah d'un ton ferme. Tessie Magink.» (à suivre...)