Résumé de la 66e partie n Alvirah a le pressentiment que son mari est caché dans cet hôtel où elle se fait embaucher après avoir pris le soin de changer de nom. Le mercredi matin, Willy sentit la tension monter chez ses ravisseurs. Clarence refusa carrément de laisser Sammy faire un pas hors de la chambre. En entendant Sammy rouspéter, il dit sèchement : «Après douze ans de taule, tu ne devrais pas avoir de mal à rester enfermé.» Aucune femme de chambre ne frappa à la porte pour faire le ménage. De toute manière, pensa Willy, la pièce n'avait probablement pas été nettoyée depuis un an. Les trois lits pliants étaient alignés côte à côte, la tête contre la cloison de la salle de bains. Une petite commode recouverte de feuilles de magazine écornées, une télévision en noir et blanc et une table avec quatre chaises complétaient le décor. Le mardi soir, Willy avait persuadé ses ravisseurs de le laisser dormir sur le sol de la salle de bains. Il y avait plus d'espace que dans la penderie et, comme il le souligna, le fait de pouvoir étendre ses jambes lui permettait de marcher plus facilement lorsqu'ils l'échangeraient contre la rançon. Les regards qu'ils se lancèrent alors ne lui échappèrent pas. Ils n'avaient aucune intention de le libérer et de le laisser raconter ce qu'il avait vu. Ce qui voulait dire qu'il avait quarante-huit heures pour trouver un moyen de sortir de ce piège à rats. A trois heures du matin, quand il avait entendu Sammy et Tony ronfler à l'unisson et Clarence respirer régulièrement, Willy était parvenu à s'asseoir, se mettre debout et sautiller jusqu'aux toilettes. La corde qui le reliait au robinet de la baignoire lui laissait juste assez de longueur pour lui permettre d'atteindre le couvercle du réservoir de la chasse d'eau. Avec ses mains entravées, il le souleva, le posa sur le lavabo, et plongea les bras dans le liquide couleur de rouille. Quelques minutes plus tard, l'eau dégouttait plus fort, avec un bruit plus lancinant. C'était ce bruit agaçant de fuite d'eau qui avait réveillé Clarence. Willy sourit en son for intérieur en l'entendant s'écrier : «Je vais devenir cinglé. On dirait un chameau en train de pisser.» Lorsque le petit déjeuner leur fut apporté, Willy était à nouveau attaché et bâillonné dans la penderie, cette fois avec le revolver de Sammy appuyé contre la tempe. Du couloir parvenait le grommellement essoufflé de l'homme, certainement âgé, qui était apparemment le seul employé du service d'étage. Inutile d'espérer attirer son attention. Dans l'après-midi, Clarence décida de rouler des serviettes autour de la porte de la salle de bains, en vain : rien ne pouvait étouffer le bruit de l'eau. «Je sens monter une de mes foutues migraines», se plaignit-il, furieux, et il s'étendit sur le lit défait. Quelques minutes plus tard Tony se mit à siffler. Sammy le fit taire immédiatement. Willy l'entendit murmurer : «Quand Clarence a mal au crâne, fais gaffe.» (à suivre...)