Activité n Les équipes mobiles du SAMU social effectuent des sorties en compagnie de l'équipe médicale de Sidi-M'hamed pour prendre en charge les SDF. Bakhta dormait en toute quiétude sur le trottoir au niveau boulevard Zighoud-Youcef, tout près du commissariat de police. Elle reposait sur des cartons soigneusement agencés, enveloppée dans un drap à la blancheur douteuse, essayant de donner l'impression d'être un homme et non une femme, de peur d'être agressée par des pervers. Bakhta n'a pas choisi de vivre dans la rue. Cette pauvre fille de vingt-quatre ans et des centaines de semblables se sont retrouvées dans la rue après avoir été chassées de leur domicile pour diverses raisons, notamment les violences familiales et conjugales. Afin de porter aide et assistance à ces personnes en détresse, les équipes mobiles du SAMU social d'Alger effectuent des sorties de jour comme de nuit. L'équipe mobile du SAMU, composée d'animateurs, d'une éducatrice, d'un permanencier et d'une psychologue, est accompagnée d'une équipe médicale relevant du secteur sanitaire de Sidi-M'hamed. «On se donne rendez-vous à Cavaignac et on entame la tournée. Il y a deux équipes du SAMU, une équipe qui se charge d'Alger-ouest, de Bab El-Oued jusqu'à Staouéli et une autre d'Alger-est, de Abane-ramdane jusqu'au Ruisseau», nous explique Zoubir, responsable de l'équipe mobile. Les activités du SAMU s'intensifient davantage durant le ramadan. Lundi 24 septembre. 22h 20. La quête des sans-abri commence. Le nombre des sans-domicile fixe connaît une augmentation sensible durant ce mois de ramadan, mais ils ne regagnent les trottoirs qu'à des heures tardives de la nuit. Eux, aussi, tentent de veiller en mendiant. Premier tournant, le front de mer au boulevard Zighoud-Youcef. Bakhta est la première personne à être secourue. Approchée par Kenza, l'éducatrice chevronnée, Bakhta est restée muette quelques minutes avant de répondre à la «sollicitation». «Tu viens avec nous à Dély-Ibrahim ?», dit l'éducatrice à Bakhta. «Au SAMU, oui avec plaisir. J'y ai déjà séjourné et je veux y retourner et ne plus le quitter», répond la jeune la fille qui monte dans le fourgon. Elle a tenu à nous raconter son histoire de «A à Z». Elle est originaire de Lardjem, dans la wilaya de Tissemsilt. Elle vit dans les rues d'Alger depuis plus de trois mois. «Une période suffisante pour subir toutes les afflictions du monde», dit-elle les larmes aux yeux. «J'ai quitté mon domicile familial en raison de la violence que j'ai subie de la part de ma mère, de mes frères et de mes sœurs… Ils ont tout fait pour me chasser de la maison… un jour, j'ai pris le taxi direction Blida où j'ai passé quelques jours chez ma sœur qui, elle aussi, a fini par me chasser, prétextant l'exiguïté de sa maison et le refus de son mari de me laisser vivre avec eux. j'ai donc pris la destination d'El-Assima où je vis dans la rue grâce aux mouhsinine (bienfaiteurs)», raconte-t-elle. Les souffrances, Bakhta en a vécu assez et elle se souvient de tout. «J'ai été l'objet de toutes sortes de brutalités. J'ai été violée, frappée, injuriée, mais depuis quelques jours, j'ai choisi ce trottoir près du commissariat pour me mettre à l'abri de tout ça», ajoute Bakhta. Sa joie était indescriptible à son arrivée au centre de Dély-Ibrahim. «Khlas ezzanka khlas, manouellich (ça y est la rue, je n'y reviendrai jamais)», lâche-t-elle… La sortie a également permis de «récupérer» deux hommes venant de Kabylie. Toutefois, le nombre des SDF pris en charge connaît une hausse inquiétante en hiver en raison du froid glacial qui les pousse à rejoindre le SAMU, explique Chikh Zoubir.