Envergure n La surface du parc est estimée à 780 km2, tandis que celle du tronçon qui le traverse est de 1,5 km2, selon des indications officielles. Des experts ont lancé samedi à Alger un appel à changer le tracé du projet de l'autoroute Est-Ouest traversant le parc national d'El-Kala, «un réservoir de la biodiversité de la région méditerranéenne». «Un autre tracé doit être substitué au premier, même si les coûts sont plus élevés car la valeur de ce parc, protégé par la loi, est supérieure à toute autre considération», ont indiqué ces experts lors d'une conférence de presse sur le thème de la biodiversité. Pour Mme Benhamded-Benmouhoub, enseignante à la faculté de droit de Tizi Ouzou, le tronçon prévu pour traverser le parc national d'El-Kala sur 15,5 km de long et 100 m de large est «en contradiction totale» avec les conventions et traités internationaux que l'Etat algérien a ratifiés. Selon elle, ce tronçon autoroutier est aussi en «violation flagrante» avec les lois et règlements algériens relatifs à la protection de l'environnement. De son côté, Slim Benyakoub, professeur d'écologie à l'université d'Annaba, a indiqué que ce parc renferme la principale zone de nidification d'Afrique du Nord pour les oiseaux d'eau dont certains sont en voie de disparition. Cet écosystème pourra être «fortement perturbé» par l'autoroute qui va couper en deux fragments ce parc. D'ici à quelques années, a-t-il dit, des espèces végétales et animales pourraient disparaître de cette zone. Mme Meriem Louanchi, professeur à l'Institut national d'agronomie, a lancé, quant à elle, un appel à l'arrêt «immédiat» des travaux de défrichement «en cours actuellement» sur ce tronçon. Le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, avait affirmé récemment que le dossier du parc était «clos», précisant que le tracé a été arrêté et que les mesures nécessaires ont été prises pour préserver l'environnement. La surface du parc d'El-Kala est estimée à 780 km2, tandis que celle du tronçon qui le traverse est de 1,5 km2, selon des indications officielles. M. Ghoul a insisté sur le fait que «tous les aspects liés, entre autres, à la pollution, à la nuisance sonore et à la protection de la faune et de la flore du parc avaient été pris en compte par une étude canadienne». Le tronçon de l'autoroute, qui ne traversera ni les lacs ni les massifs forestiers, «ne pourra, cependant, a précisé le ministre, contourner le parc sans perdre son objectif et sa dimension maghrébine». De plus, cela nécessiterait, selon lui, le perçage d'une vingtaine de kilomètres de tunnels pour un coût de 150 milliards de dinars, soit près de deux milliards de dollars. La réalisation du lot Est de ce projet, qui traverse notamment la wilaya d'El-Tarf sur un linéaire de 88 km, a été confiée au groupement d'entreprises nipponnes (Cojal).