Bab El-Oued Au cours d?une de leurs rondes de surveillance, dans la nuit du 4 mars 2002 à 3 heures du matin, les services de sécurité interceptent deux suspects en possession d?un téléviseur, d?un poste-cassettes? Emmenés au commissariat, ils passent aux aveux avant de comparaître au tribunal criminel d?Alger, le 2 décembre 2003. Selon l?arrêt de renvoi, Mohamed, Youcef et Kamel avouent avoir cambriolé un appartement de la cité et que leur tout premier cambriolage remonte au mois de septembre 2001, au domicile de la nommée Fatima. Durant les premières phases de l?enquête, les victimes ont été formelles car ayant reconnu leurs agresseurs. Le 3 juin 2002, à la suite de nombreuses investigations, le quatrième complice est arrêté. Appelé à la barre, Mohamed nie en bloc les faits. Son avocat intervient : durant cette période, son client était en prison, dit-il. Mais les victimes ? la mère, la fille et son mari ?, affirment avoir été volées avant son arrestation. Fatima déclare : «Ils étaient encagoulés et après m?avoir ligotée et mis un bandeau sur les yeux. Ils se sont mis à fouiller.» «Combien étaient-ils ?» demande le président. «Trois.» «Les reconnaissez-vous ?», demande-t-il encore. «Je reconnais celui du milieu? Les autres, je n?en suis pas sûre.» La jeune femme et son mari déclarent, eux aussi, reconnaître Youcef. La première raconte comment elle a été malmenée et comment deux des accusés ont abusé d?elle. Cependant, elle ne reconnaît que «celui du milieu» qui se trouve dans le box des accusés. «C?est Youcef, dit-elle, car au moment où il a voulu me donner un coup de couteau, son masque est tombé.» Ainsi, elle explique au tribunal les moments atroces qu?elle a passés cette lui-là, alors que son mari était enfermé dans une autre chambre et que sa mère était ligotée. Malgré les confrontations, les quatre accusés nient catégoriquement les faits. Le président leur rappelle leur passé judiciaire en leur faisant remarquer qu?ils n?en sont pas à leur premier méfait. Par conséquent, leur dit-il encore, le tribunal criminel a à juger des récidivistes notoires. Le ministère public, relatant les faits contenus dans le dossier ainsi que le témoignage et la conclusion des confrontations avec les victimes, requiert la peine de 20 ans de réclusion pour Mohamed, Youcef et Kamel et de 7 ans pour Amine. Lors d?une brillante plaidoirie, Me L. B. présente à la cour un certificat émanant des structures pénitentiaires attestant qu?au moment des faits, l?accusé était déjà incarcéré pour un autre délit et que le tribunal doit, par conséquent, prendre cela en considération. Me L. B. met en exergue les procédures judiciaires et pose la problématique suivante : «Doit-on être un instrument de légalisme et se fier au procédurisme ?» «Devons-nous être des instruments de justice s?attachant plus aux procédures qu?au souci de l?équité ?» Pour conclure, cet avocat émet le v?u de voir le tribunal «se soucier en premier lieu de rendre justice plutôt que de se conformer aux règles procédurales». A la fin des délibérations, les peines requises par le ministère public sont maintenues : 20 ans pour Mohamed, Youcef et Kamel, et l?acquittement pour Amine.