"Des douaniers impliqués" Ils écoperont, chacun, de 6 mois de prison avec sursis. Les ports du pays, surtout celui d?Alger, sont devenus de véritables passoires. Malgré les efforts des services de sécurité et des douanes, les voleurs parviennent jusqu?aux conteneurs où ils se servent comme s?il s?agissait de la caverne d?Ali Baba. Il n?est pas rare que les importateurs se plaignent des vols qu?ils subissent. Il n?est pas rare aussi que ceux qui sont chargés de la sécurité du port se rendent eux-mêmes coupables de vol. Les enceintes portuaires sont sous surveillance, de jour comme de nuit. Des rondes sont assurées à toute heure pour justement arrêter toute personne qui oserait s?y introduire. Au début du mois de janvier 2003, très tôt le matin, une ronde de police est intriguée par la présence d?un véhicule au port, à une heure pareille. Il n?est que 6h du matin. Pour ne pas éveiller les soupçons, deux policiers descendent de la voiture et se rendent à pied pour surprendre les intrus. Quelle ne fut leur surprise lorsqu?ils se rendent compte que la voiture est conduite par un douanier accompagné de son collègue. Comment le véhicule est entré alors qu?une note de service interdit de tels agissements pour éviter justement d?encombrer l?espace réservé au débarquement de conteneurs ? Les deux policiers s?approchent des deux douaniers et procèdent au contrôle de leurs documents qui s?avéreront d?ailleurs être en règle. Les deux agents étaient sur le point de repartir lorsqu'ils constatent que la voiture est trop basse. Sûrement à cause d?un lourd chargement, se disent-ils. Ils reviennent alors à la charge et exige du conducteur d?ouvrir la malle. Ils ont vu juste puisqu?ils y découvriront plusieurs caisses de Ricard. Ils demandent alors aux deux douaniers de les suivre au poste. Les policiers entendent les deux mis en cause, puis attendent la relève. Lorsque leurs responsables arrivent, les deux agents leur transmettent le dossier, les suspects sont présentés, le jour même, devant le procureur de la République qui les inculpe de vol et les écroue. Lorsqu?ils comparaissent devant le tribunal correctionnel d?Alger, Mourad et Cherif, les deux prévenus, nient les charges retenues contre eux. Mourad, qui était au volant du véhicule, reconnaît avoir transporté 100 bouteilles de Ricard. Il affirme qu?il a introduit, la veille, la voiture que lui a prêtée son père au port. Selon lui, il n?était nullement question de voler quoi que ce soit. «Nous avons remarqué, mon collège et moi, qu?il y avait des caisses par terre, à côté du hangar des objets saisis par la douane. J?ai pris alors la voiture pour les charger, avec évidemment l?intention de les remettre à mon responsable», explique-t-il. Cherif abonde dans le même sens. Il rappelle que son collègue et lui avaient remarqué, auparavant, des mouvements suspects du côté du hangar réservé aux objets saisis. Nous sommes allés et avons trouvé des caisses de Ricard. «Vu l?importance de la marchandise, mon collègue a jugé utile d?aller chercher le véhicule pour charger les bouteilles et les remettre ainsi à la douane», dit-il. Il n?oublie pas de rappeler qu?à 6h30, il n?y a que les gardiens et les douaniers. Lui aussi nie les accusations portées contre lui. Le procureur de la République requiert 1 an ferme et 10 000 DA d?amende. L?avocat de la défense estime que les deux collègues ont peut-être commis une erreur professionnelle, mais jamais de délit de vol. «Il leur est impossible de sortir du port avec la marchandise», plaide-t-il. Pour l?avocat, ils ont mis les cartons dans la voiture, avec la ferme volonté d?accomplir leur devoir en remettant les caisses à leur responsable. Deux autres avocats plaident dans le même sens et réclament la libération des prévenus. Au terme du procès, chacun des deux douaniers écope de 6 mois de prison avec sursis.