Cinéma Avec le soutien du service de coopération et d?action culturelle de l?ambassade de France en Algérie, la Cinémathèque algérienne organise, une rétrospective du cinéaste français Robert Bresson. Le cycle comprend trois projections par jour. Cette rétrospective invite les jeunes cinéphiles, les moins avertis et même les connaisseurs, à découvrir les films de Robert Bresson, ce personnage exceptionnel. Auteur et réalisateur, double fonction, double jeu, double aptitude, Robert Bresson cultive un procédé unique, une approche qui lui est individuelle et le rend si singulier, pour capter, décrire et dire le réel à travers la caméra, et raconter, du coup, l?existence humaine, notamment dans sa banalité et dans ses vicissitudes, comme celle qui est montrée dans Pickpocket, un film réalisé en 1959. Ce film, raconte dans un genre cinématographique stylisé, froid et austère, l?histoire d?un homme qui, ne travaillant pas, s?initie à l?art du vol. L?on est étrangement saisi par ce sentiment d?ennui, car les séquences s?écoulent selon un rythme lent : il n?y a ni action, ni émotion, ni même effet de quelque nature que ce soit venant surprendre le public. Toutefois, il ne s?agit que d?une impression. D?ailleurs, tous les films de Robert Bresson s?inscrivent, selon les critiques, dans ce type de réalisation, et c?est pour cette raison que ce dernier a été longtemps enfermé dans un ghetto intellectuel, donc mal compris. Pickpocket, comme le reste de son ?uvre cinématographique, ne relève à aucun moment de la représentation ou encore de l?interprétation. Ce film est l?expression de sa pensée, il s?agit donc d?une réflexion, d?une interrogation sur l?être, en tant qu?individu et aussi comme un sujet profondément ancré dans un environnement social qui le détermine, et inversement. D?emblée, l?on parle de déterminisme. Sa cinématographie, qui est d?une grande intellectualité, est une philosophie dirigée sur le monde et l?humain, plutôt qu?un simple langage artistique ; elle dépasse l?apparence, l?entendement de soi, elle va de l?autre côté du visible, du «dit», de soi, pour arriver au vrai sens de l?existence humaine. Tout se fait autour et par ses personnages, d?où cette forte concentration sur la parole, les déplacements, les gestes, le regard, le murmure, le silence, les réflexions de ses personnages et même sur les bruits et les sons qu?ils font : le cinéaste focalise son intérêt sur le comportement, le caractère, la psychologie, donc la personnalité du personnage dénué de caractéristiques et de charisme, de volonté et d?ambition. Son film est d?ailleurs, comme le Nouveau roman, un discours où l?on ne peut pas parler de héros, mais de protagonistes, un sujet qui n?existe que parce qu?il existe, non pas pour accomplir un destin, mais pour le suivre, entrer dans ce jeu entre le Mal et le Bien, entre le Pari et la Providence. Son personnage, passif et «lâche», n?évolue pas, et n?éprouve nulle envie de progresser et d?aller de l?avant, c?est un personnage qui s?accepte et se soumet «gentiment» à sa condition, même des plus pathétiques et des plus déplorables. Robert Bresson se tourne vers le cinéma par l?influence du cinéaste René Clair. En 1934, il réalise sa première ?uvre, Affaires publiques, un court-métrage. Ensuite, il enchaîne d?autres réalisations cinématographiques, comme Les Anges (1943), Les Dames du bois de Boulogne (1945), Le Journal d?un curé de campagne (1950)? et en 1983, Robert Bresson, déjà octogénaire, présente au festival de Cannes son dernier film, L?Argent.