Divergence n Enième rencontre, énième déconvenue. Les frères ennemis tardent à se rapprocher, laissant le champ libre aux manœuvres israéliennes qui exploitent cette «division» militairement et politiquement. Les mouvements palestiniens Fatah et Hamas, en rupture totale depuis le coup de force des islamistes dans la bande de Gaza l'an dernier, ont accepté, hier soir, à Sanaâ, d'engager un dialogue en vue d'une réconciliation que le Yémen s'est dit prêt à accueillir dès le mois prochain. Le document, d'inspiration yéménite et intitulé «Déclaration de Sanaâ», a été signé par Azzam Al-Ahmad, chef du groupe parlementaire du Fatah, et le numéro deux du Bureau politique du Hamas, Moussa Abou Marzouk, en présence du président yéménite Ali Abdallah Saleh. «Les mouvements Fatah et Hamas ont convenu de considérer l'initiative yéménite comme un cadre pour la reprise du dialogue entre eux en vue de revenir à la situation palestinienne antérieure aux événements de Gaza, afin de confirmer l'unité de la patrie palestinienne en tant que terre, peuple et autorité», stipule le texte signé par les deux mouvements rivaux. Mais chaque camp semblait, dimanche, vouloir faire sa propre interprétation du texte, le Fatah mettant en avant sa seconde partie, qui constitue, selon lui, une condition préalable à toute discussion, tandis que le Hamas retenait la première. L'accord est «un cadre pour le dialogue et non pas une série de conditions préalables pour son application», a déclaré le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zohri. «La relance du dialogue dépend de l'application point par point de l'initiative yéménite», a estimé Nabil Abou Roudeina, un porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas. L'accord de Sanaâ est le fruit de difficiles tractations du Yémen avec les représentants des deux mouvements ces derniers jours. Une première mouture proposait un retour à la situation qui prévalait avant la prise du pouvoir du mouvement islamiste à Gaza en juin 2007, des élections anticipées dans les territoires palestiniens, la reprise du dialogue sur la base des accords du Caire (2005) et de La Mecque (2007), et la remise sur pied des forces de sécurité dirigées par l'Autorité palestinienne et un gouvernement d'union nationale. Au même titre que l'Organisation de la conférence islamique (OCI), le président yéménite a salué l'accord qui aidera, selon lui, «à restaurer la confiance». «Ce qui a été signé aujourd'hui sera mis à l'agenda du sommet de la Ligue arabe (fin mars) à Damas. Si Dieu le veut, il deviendra une initiative arabe et non yéménite», a-t-il poursuivi. Ali Abdallah Saleh, qui s'est personnellement impliqué dans la médiation, a offert d'accueillir «au début du mois prochain» à Sanaâ les deux mouvements, qu'il a engagés à favoriser «l'accalmie et à éviter toute escalade médiatique». Conscient de la fragilité de l'accord, il a dit s'attendre à «des difficultés».