Drame n Humiliées, violentées, battues et contraintes à l'isolement, des femmes souffrent en silence. Dans bien des cas, l'agresseur n'est pas un inconnu. Il s'agit soit de l'époux, soit du compagnon. «Agissons tous contre la violence à l'égard des femmes !» Tel est l'intitulé d'une rencontre-débat organisée, hier, par le bureau d'Amnesty International (AI) d'Alger pour essayer de solutionner un problème qui en plus d'être un problème de santé publique, prend une ampleur inquiétante. AI prend à témoin les chiffres éloquents d'une enquête réalisée par la Gendarmerie nationale durant l'année 2007. Celle-ci indique que 161 femmes ont subi des violences physiques, 17 ont été assassinées et 51 autres ont fait l'objet d'un enlèvement. Les agressions sexuelles constituent la forme de violence la plus répandue. C'est la raison pour laquelle Amnesty International compte saisir les deux Chambres du Parlement, nous dira le directeur exécutif d'Amnesty International, section Algérie. «Nous voudrions bien que le code pénal soit revu pour durcir les peines contre les auteurs de ces agressions et éviter ainsi l'impunité», annonce Mahiedine Bachir. L'enquête en question nous apprend que 448 femmes ont été victimes soit de viol soit de tentative de viol. En outre, et pour les deux premiers mois de l'année en cours, la Gendarmerie nationale a enregistré 8 928 affaires de violence contre les femmes. 172 d'entre elles concernent des dénonciations pour coups et blessures volontaires. Les adolescentes arrivent au premier rang avec 86 cas recensés. On y lit entre autres 50 affaires d'attentat à la pudeur, 32 viols, 12 meurtres et 17 cas de rapt. Commentant ces chiffres, M. Bachir explique que cela augure d'une augmentation inquiétante de cette forme de misogynie. Il dira aussi que la catégorie des femmes les plus sujettes aux violences sexuelles est celle dont l'âge est compris entre 19 et 28 ans, suivie de la catégorie des mineurs. Très répandue en Algérie, la violence conjugale confirme que l'entourage familial peut constituer un enfer pour les femmes. Atteintes directement dans leur intégrité physique, morale, sexuelle et psychique, ces femmes souffrent le martyre. Insultées, humiliées, violentées, battues, et contraintes à l'isolement ces femmes souffrent en silence. Dans bien des cas, l'agresseur n'est pas un inconnu. Il s'agit soit de l'époux, soit du compagnon. Ces formes de violences ont aussi un effet sur l'entourage, explique le conférencier. Voyant sans cesse sa mère violentée, un enfant peut être traumatisé. Il aura certainement un développement perturbé. Ce recours à la violence, est, à son avis, un moyen pour l'homme de contrôler et de soumettre la femme. Se manifestant aussi bien en ville qu'à la campagne, exercée par un époux, un ami ou un compagnon, cette violence ne concerne pas, selon le représentant d'AI que les milieux sociaux défavorisés. Malheureuses devant pareille situation, les femmes violentées ne quittent que très rarement leur époux. Pourquoi ? «Elles ont peur pour la vie de leurs enfants, ou bien elles ne trouvent pas la force nécessaire pour s'en aller, ou encore elles ne savent pas où aller…», répond notre interlocuteur.