Saisie n l'opposition au Zimbabwe a saisi la justice pour exiger de la commission électorale la publication des résultats des élections. L'opposition zimbabwéenne a estimé ce samedi matin que le président Robert Mugabe faisait pression pour un second tour à la présidentielle afin de prendre sa revanche après son humiliant revers aux élections générales du 29 mars. Le pays se préparait ainsi à une lutte acharnée entre l'opposition et le parti du président qui a retrouvé toute sa combativité en vue d'un second tour, alors que les résultats restent en suspens une semaine après le scrutin. Mugabe n'a fait aucun commentaire depuis qu'il a glissé son bulletin de vote dans l'urne, il y a une semaine. Il n'a pas réagi quand son parti, l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique, a perdu sa majorité de 28 ans à la Chambre des députés. Mais, hier, vendredi, il a présidé une réunion du bureau politique de la Zanu-PF, qui a décidé de lancer une contre-offensive. «Nous sommes affaiblis, mais pas hors jeu», a tonné le secrétaire pour l'administration de la Zanu-PF, en sortant de la rencontre. «Il est certain qu'il y aura un second tour», a-t-il poursuivi. «Le candidat sera évidemment Robert Gabriel Mugabe. Qui d'autres pourrions-nous choisir à la place de notre cher Vieux?» Le parti entend également contester devant un tribunal électoral sa défaite aux législatives dans au moins 16 circonscriptions, arguant d'irrégularités. Si elle parvenait à obtenir gain de cause dans ces circonscriptions, la Zanu-PF, qui selon les résultats des législatives dispose de 97 sièges sur 210, pourrait retrouver le contrôle de la chambre basse. Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition) a reconnu «le droit démocratique» de la Zanu-PF à contester l'élection, tout en avançant ses propres pions. Toujours dans le noir concernant les scores des candidats à la présidentielle, le MDC a annoncé, vendredi, avoir saisi la justice pour obliger la commission électorale du Zimbabwe à publier le décompte des suffrages. Anticipant d'éventuelle manipulation des résultats, le MDC avait diffusé mercredi son propre décompte, revendiquant la victoire au premier tour pour son chef, Morgan Tsvangirai. Le MDC avait toutefois ajouté qu'il se plierait à un second tour si les résultats officiels différaient des siens. Les anciens combattants de la guerre d'indépendance du Zimbabwe, dont Mugabe est le héros, ont qualifié d'«illégale» cette revendication, jurant de «défendre la souveraineté» du pays. Mugabe «a toujours voulu rester au pouvoir à vie» et ses proches sont prêts à «lutter jusqu'au bout», a commenté un ancien proche. Dans cette atmosphère tendue, deux journalistes, un Américain et un Britannique, ont été inculpés, hier, pour avoir couvert les élections sans accréditation. A contre-courant, l'Afrique du Sud, souvent critiquée pour sa «diplomatie discrète» envers Mugabe, a accusé des médias étrangers de mener une «campagne orchestrée» pour discréditer Harare. Quelque 5,9 millions de Zimbabwéens devaient élire leur président sur fond de marasme économique, marqué par une hyperinflation record de plus de 100 000%.