Peinture n Le vernissage de l'exposition de Mustapha Boutadjine a eu lieu, hier, au Centre culturel algérien à Paris. Son style, le graphisme collage, les personnages qu'il «peint» et son engagement militant font de ce natif du quartier algérois de la Glacière un artiste «à contre-courant» des styles communément admis comme art. L'intitulé de l'exposition : «Insurgés» donne une idée du «profil» des vingt-cinq tableaux qui interpellent le visiteur. Dahmane El-Harrachi, avec son éternel banjo, côtoie le leader Maximo, Hugo Chavez, Zapata, Ali La Pointe, le héros de la bataille d'Alger, Abane Ramdane, Djamila Bouhired, Kateb Yacine, Guy Moquet, Frantz Fanon et bien d'autres personnalités qui ont marqué à leur manière l'histoire de l'humanité. Mustapha Boutadjine détourne les revues de luxe pour «déchiqueter» leurs pages afin d'en faire des matériaux de base pour composer ses œuvres. Chaque fragment de ces pages glacées, vecteurs de la société de la consommation et supports de la beauté plastique des mannequins, collé l'un à l'autre, donne au final un résultat des plus surprenants. Comme sur une toile «classique», l'artiste reconstitue, en juxtaposant ou en faisant chevaucher ces «bouts de papier», les formes, les modèles, les tons, les couleurs et les valeurs recherchées. L'artiste ne cache pas son engagement pour les causes justes. Il le clame tout haut et l'affirme à travers les choix de ses «personnages» et la thématique de certains tableaux, comme ceux dédiés à l'Intifada et à l'Irak occupé. «Je dédie cette exposition au peuple palestinien», a-t-il indiqué à l'adresse des invités, artistes et hommes de culture, venus assister au vernissage. Mustapha Boutadjine bouillonne de colère devant toutes les injustices et les crimes commis contre les hommes. Ses œuvres reflètent l'état d'âme de cet artiste «en contestation continue». «Les papillons et les oiseaux ne m'intéressent pas. Je pense que l'élément central est l'être humain car c'est lui qui fait l'histoire. Je m'intéresse plus aux personnages et à l'itinéraire qui a marqué leur existence», explique-t-il, ajoutant que «l'affirmation pour les causes justes reste (mon) travail fondamental et le graphisme-collage est (mon) arme». Designer et architecte d'intérieur de formation, Mustapha Boutadjine est diplômé de l'Ecole des beaux-arts d'Alger, avant de poursuivre ses études à Paris en arts décoratifs et en design de produits, puis au Panthéon Sorbonne en esthétique et sciences de l'art. En 1979, il regagne le pays pour occuper le poste de maître-assistant et créer le département Design avant d'être nommé chef de ce même département. Parallèlement, il a dispensé des cours en qualité de professeur associé à l'Ecole polytechnique et d'urbanisme d'El-Harrach. Il a organisé de nombreuses expositions et est lauréat de plusieurs prix pour des affiches qu'il avait réalisées pour marquer certains événements comme le 20e anniversaire de l'indépendance nationale en 1982.