Résumé de la 101e partie n Tim a profité de la naïveté de sa femme. Il lui prend son argent et se remarie. Nelly perd tout… Elle cherche un moyen auprès d'Alvirah pour récupérer son argent. Si vous voulez savoir ce qui est vraiment dégoûtant, je vais vous montrer la photo où ils posent ensemble dans le Post en déclarant qu'ils ont eu une chance extraordinaire que Roxie retrouve le billet.» La voix de Nelly se brisa presque dans un sanglot. Puis son regard se durcit. «C'est injuste, dit-elle. Il y a un avocat à la retraite, Dennis O'Shea, qui habite au fond du couloir à mon étage, et je lui ai raconté toute l'histoire. Il a fait des recherches et découvert une ou deux affaires similaires où l'un des époux s'était rendu coupable de la même escroquerie et où le tribunal avait conclu en faveur du détenteur du billet. Il a ajouté que c'était scandaleux, dégoûtant, une véritable honte, mais que je n'avais pas la moindre chance sur le plan juridique. — Qu'est-ce qui vous a amenée à assister à une réunion de l'Association de soutien aux anciens gagnants de la loterie ? demanda Alvirah. — C'est Dennis qui me l'a conseillé. Il avait lu des articles concernant tous ces pauvres gens qui avaient investi leurs gains à la loterie en placements malheureux et il a pensé que ça m'aiderait de les rencontrer, de sentir que je n'étais pas seule dans l'adversité.» La voix empreinte d'une juste indignation, un pli obstiné marquant ses lèvres, Nelly conclut son récit. «Tim a déménagé illico presto. Et aujourd'hui ils vont tous les deux mener une existence de rêve tandis que je serai forcée d'aller vivre chez ma cousine parce que je n'ai pas les moyens de payer mon loyer. C'est uniquement pour mes talents de cuisinière que Margaret m'a invitée chez elle. Elle est si bavarde que je serai probablement sourde comme un pot dans un an. — ll y a sûrement une solution, déclara Alvirah. Laissez-moi réfléchir un peu. Je vous appellerai demain.» Le lendemain à neuf heures, Nelly était assise à la table du coin-cuisine de son appartement de Stuyvesant Town, devant une tasse de café accompagnée d'un beignet à la confiture. Ce n'est pas Central Park South, pensa-t-elle, mais je me plais ici. Depuis le départ de Tim, elle avait fait quelques petits changements dans l'appartement. Il avait tenu à emporter son horrible fauteuil à dossier inclinable La-Z-Boy qui encombrait la fenêtre, et elle avait disposé le reste des meubles selon son goût, confectionné de nouvelles housses aux couleurs vives pour le canapé et le fauteuil et acheté un joli tapis au crochet pour un prix dérisoire à des voisins qui déménageaient. En voyant la lumière d'automne entrer à flots dans la pièce devenue aujourd'hui si gaie et attrayante, Nelly se rendit compte qu'elle avait traîné Tim comme un boulet pendant toute sa vie et qu'elle était en réalité bien plus heureuse sans lui. Mais ses maigres revenus ne lui permettaient pas de joindre les deux bouts et, quels que soient ses efforts, elle n'arrivait pas à décrocher le moindre boulot. Qui accepterait d'engager une femme de soixante-deux ans ne sachant pas utiliser un ordinateur ? Réponse : personne. (à suivre...)