Résumé de la 107e partie n La vérité a été dite, le dictaphone de Nelly était éteint, ce qui a provoqué en elle une grande colère qui la pousse à tuer Tim... Roxie a crié quelque chose à propos du pistolet et je l'ai sorti pour expliquer pourquoi je l'avais sur moi. Le coup est parti tout seul. Tim s'est écroulé comme un gros tas. Tout est vague ensuite. Roxie a voulu s'emparer du pistolet et je me souviens seulement de m'être retrouvée au commissariat de police.» Elle tendit la main vers sa tasse. «Dans ces conditions, je n'ai plus à me soucier de garder l'appartement ou d'aller habiter chez ma cousine à New Brunswick. Croyez-vous qu'ils vont me mettre dans cette prison où ils ont envoyé cette femme qui avait tué son mari parce qu'il voulait garder le chien après leur divorce ?» Elle reposa la tasse et se leva lentement. Alvirah, Willy et Dennis O'Shea virent son visage pâlir, ses traits se décomposer. «Oh, mon Dieu, dit-elle, comment ai-je pu tirer sur Tim ?» Et elle s'évanouit. Le lendemain matin, Alvirah revint de la visite qu'elle avait faite à Nelly à l'hôpital. «Ils vont la garder quelques jours, dit-elle à Willy. C'est aussi bien. Les journaux s'en donnent à cœur joie. Regarde.» Elle lui tendit le Post. Sur la première page figurait Roxie en pleurs devant le corps de Tim qu'on emportait hors de l'appartement. «D'après l'article, Roxie prétend que Nelly est arrivée sans prévenir et a tiré immédiatement. Nous pouvons témoigner qu'elle avait pris rendez-vous avec lui, dit Willy. Mais Nelly a effectivement dit que Roxie ne paraissait pas l'attendre.» Son front se plissa sous l'effet de la réflexion. «Dennis O'Shea a téléphoné pendant que tu étais sortie. Il aimerait négocier une réduction de peine en plaidant coupable.» Alvirah chassa d'une chiquenaude un fil égaré sur la manche de son tailleur-pantalon. Un ensemble d'une élégance discrète qu'elle portait toujours avec plaisir. Il l'amincissait et elle pouvait boutonner le pantalon sans effort. Mais aujourd'hui rien ne pouvait la réconforter. Nelly a peut-être été escroquée de son billet de loterie, mais c'est moi qui lui ai fourni un billet d'entrée pour la prison, se répétait-elle. «Si j'arrivais à retrouver les deux garçons auxquels Nelly a retiré le pistolet, cela prouverait au moins qu'elle n'avait pas au départ l'intention de se rendre chez son ex-mari avec une arme. Je lui ai demandé de me les décrire.» La perspective de passer à l'action lui remonta le moral. «Mieux vaut m'habiller autrement pour traîner par là-bas. Ce n'est pas un quartier très chic.» Une heure plus tard, vêtue d'un vieux jean et d'un T-shirt Mickey qui avait connu des jours meilleurs, sa broche soleil dans sa poche, Alvirah se postait à l'angle de l'Avenue B et de la 10e Rue. Les garçons décrits par Nelly avaient dix ou onze ans. L'un était de petite taille, mince, avec des cheveux frisés et des yeux bruns, l'autre était plus grand et plus costaud. Tous deux étaient coiffés en banane et portaient des chaînes en or et un anneau à l'oreille. (à suivre...)