Fragilité n Des coups de feu sporadiques sont les seuls indices d'une situation encore tendue, après les combats de la fin mars entre les forces de sécurité irakiennes et des miliciens chiites, qui ont fait quelque 300 tués. Les habitants de Bassorah s'aventurent de nouveau dans les rues, et plus de trois semaines après une opération des forces de sécurité irakiennes dans le grand port du sud de l'Irak, l'ordre semble y régner. Des unités de la police et de l'armée sont déployées en force, des barrages canalisent la circulation et des quartiers entiers de la ville sont encerclés par des troupes qui y conduisent encore des opérations de contrôle, maison par maison. Le gouvernement de Bagdad avait lancé l'opération «la Charge des Chevaliers» pour chasser de Bassorah, poumon économique du pays avec ses champs pétroliers et ses terminaux d'exportation de l'or noir, ceux qu'il avait, alors, décrits comme des «criminels». Les miliciens armés ont disparu des rues de Bassorah, et le port voisin d'Oum Qasr, importante plateforme pour les importations irakiennes en provenance des pays du Golfe, est passé sous le contrôle des autorités. Les marchés sont de nouveaux approvisionnés, les boutiques ouvertes et les services publics de base, comme l'eau et l'électricité, ont été rétablis dans la plus grande partie de cette ville de 1,5 million d'habitants.«Je suis très heureux de la situation actuelle», a assuré un employé du tribunal de la ville, Mahdi Fallah, 42 ans. «Les gangs contrôlaient les ports et la contrebande de pétrole», affirme-t-il encore. «Dorénavant, les ports sont tenus par les forces gouvernementales. Et tout va mieux à Bassorah». Un chauffeur de taxi, lui aussi, se sent plus en sécurité. «Je crois que Bassorah sera la ville la plus agréable d'Irak», assure-t-il, se disant prêt à supporter patiemment les embouteillages provoqués par les barrages de police. «Il n'y a plus de meurtres. Le crime organisé a disparu, et les groupes armés ont quitté les rues», ajoute-t-il. «Nous avons enfin l'impression que l'ordre règne à Bassorah». Ces expressions de satisfaction interviennent alors que l'issue des combats à Bassorah, du 25 au 30 mars, semble incertaine. L'opération de police lancée sous la supervision du Premier ministre Nouri al Maliki, s'était rapidement transformée en bataille rangée et les forces irakiennes avaient dû recevoir un soutien aérien et terrestre des Américains.